Le drapeau acadien représente le peuple acadien. Il a été choisi lors de la convention acadienne de 1884, tenue à Micouche, à l’Île-du-Prince-Édouard. Les Acadiens sont les descendants des premiers colons français qui s’étaient établis dans une zone correspondant à peu près aux provinces maritimes du Canada et à l'Est du Maine, aux États-Unis. La Grande-Bretagne a définitivement conquis ce territoire en 1713. Dès lors, tout acadien né dans la région était automatiquement sujet britannique. Mais les autorités de la Grande-Bretagne ont décidé d'ignorer cela et de traiter les Acadiens comme des ennemis. En 1755, les autorités britanniques ont entamé la Déportation de ces sujets britanniques, sans procès ni déclaration de culpabilité, et les ont ensuite remplacés par des colons protestants, dont la plupart parlaient l’anglais. Lorsque les Acadiens sont revenus dans leur ancien territoire, ils étaient généralement mal accueillis et traités comme citoyens de deuxième classe.
Plutôt que de s'assimiler à la majorité anglophone, les Acadiens ont choisi de vivre dans des zones isolées et de maintenir leur langue et leurs coutumes. Aujourd'hui, trente-trois pour cent de la la population du Nouveau-Brunswick est de langue française, et les Acadiens ont un poids politique considérable. C'est la raison principale pour laquelle le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue.
Mais il y aura toujours des gens qui s’opposent à certaines politiques du gouvernement. Le mécontentement envers le bilinguisme officiel dans certains milieux a été suffisant pour mener à la création de la New Brunswick Association of English-speaking Canadians en 1984. L’événement déclencheur a été la célébration du 100e anniversaire du drapeau acadien, qui flotterait dorénavant des mats des édifices provinciaux. Toutefois, le groupe a passé presque tout son temps à contester le rapport Poirier-Bastarache, qui proposait, entre autres, un meilleur accès pour la population francophone aux emplois de la fonction publique. Le groupe s'est dissout en 1986, mais le mécontentement a pris une nouvelle forme avec la création du parti politique Confederation of Regions (CoR). Avec la disparition de CoR, la « cause » a été reprise par la Anglo Society of New Brunswick.
La fête nationale des Acadiens est le 15 août, soit la fête de l’Assomption du calendrier catholique romain, en l’honneur de leur sainte patronne, Marie, mère de Jésus-Christ. Les Anglos ont opté pour une date qui rappelle la conquête des territoires français par les forces britanniques : le 18 septembre, date où la Nouvelle-France est tombée aux mains des Britanniques. Aucun doute; c’est la guerre!
La société Anglo tente depuis ses débuts de faire flotter son drapeau du mat des hôtels de ville de différentes villes du Nouveau-Brunswick, mais surtout à Fredericton, la capitale provinciale. La société Anglo a essuyé des refus répétés et, depuis, manifeste son mécontentement tous les 15 août à l'Hôtel de Ville de Fredericton, lors du tintamarre annuel.
Les Anglos prétendent qu'ils n'ont rien contre le bilinguisme en soi, mais s'opposent au « bilinguisme forcé ». Ils ajoutent qu'ils n'ont rien contre les francophones. Mais lisez plutôt les slogans sur leurs pancartes :
- « Les élus dansent au son du violon acadien. »
- « Offres d’emploi. Gouvernement du Nouveau-Brunswick. Inutile que les anglophones unilingues posent leurs candidatures. »
- « Le Nouveau-Brunswick est-il une succursale du Québec? »
- « Les Acadiens sont représentés. Les anglophones sont rejetés. »
- « Le contrôle par une minorité est une réalité au Nouveau-Brunswick. »
- « Aujourd’hui bilingue, demain français. » « Inutile que les médecins anglophones du Nouveau-Brunswick posent leurs candidatures. »
Pour mieux voir un grand nombre de pancartes, cliquer ici.
Plus tôt au mois de juillet, on avait appris que la ville de Bathurst, dont près de la moitié de la population est francophone, avait accepté de faire flotter le drapeau des Anglos le 18 septembre prochain. La grogne des francophones et francophiles n’a pas tardé à s’afficher, alors que même le Commissaire provinciale aux langues officielles et le premier ministre adjoint de la province avaient fortement suggéré que la ville revoie sa position. Environ une semaine plus tard, le conseil municipal a annulé la décision initiale.
Selon certains reportages, les Anglos avaient prévu ne pas se rendre au tintamarre à Fredericton cette année, mais ont changé d'avis à la suite de la volte-face de la ville de Bathurst. L’on dit que la cible à Fredericton sera le maire de la ville, Brad Woodside. Nous verrons bien. L’Association prévoit tenir ensuite une manifestation à l’Hôtel de Ville de Bathurst le 18 septembre.