vendredi 2 juillet 2010

Un deuil tardif pour NOSE

Au cour des années 1990, un expert américain en sexualité et en counselling, le Dr Roger Libby, a lancé une organisation appelée NOSE, ou National Organization of Sexual Enthusiasts, c’est-à-dire, l'Organisation nationale des passionnés du sexe. L'objectif était de donner à la sexualité une image plus positive pendant les années des présidents américains Reagan et Bush, père.

Le Dr Libby voyait NOSE comme étant un regroupement à la fois politique et éducatif qui appuyait le Premier amendement de la constitution des États-Unis, notamment le principe de la séparation de l'Église et de l'État, et le droit à l'intimité sexuelle. NOSE prônait la plus grande liberté sexuelle possible et acceptait tous les genres, y compris les personnes monogames et non monogames, mariées et célibataires, hétérosexuelles, homosexuelles et bisexuelle. NOSE insistait également sur l'importance de l'honnêteté, de la responsabilité et des pratiques sûres. L'exploitation et les jeux de déception étaient dénoncés aussi fortement que les agressions. Bien que NOSE ne s’opposait pas à la pornographie et aux œuvres érotiques, et insistait toujours sur les aspects les plus amusants du sexe, les bulletins d'information que j'ai reçus présentaient toujours des articles réfléchis portant sur d'importants sujets concernant la sexualité, plutôt que de se limiter à des écrits coquins.

NOSE a toujours cherché à avoir un équilibre entre les le nombre d’hommes et le nombre de femmes comme membres de l’organisation, mais n’y est jamais arrivé. (À bien y penser, ce n’est pas sans rappeler quelques sites de réseautage social naturistes qui connaissent des difficultés semblables.) En outre, bien que le Dr Libby ait fait la promotion de NOSE sur son site Web, l’organisation n’a jamais fait le saut vers l’électronique. Je n’ai trouvé aucune information indépendante concernant la dissolution de NOSE, mais à partir de 2001, le Dr Libby n’en faisait plus la promotion sur son site Internet. Si autre chose est venu remplacer l’organisation, je ne l'ai pas encore découverte. Les sites de rencontre pour adultes et à caractère sexuel n’offrent rien qui ressemble à ce que l’on pouvait trouver dans les bulletins de NOSE, et nous ne devrions pas nous y attendre de toute façon. NOSE espérait créer des sections locales de membres qui pouvaient travailler à des enjeux locaux et faire pression au besoin. À ce stade-ci, je ne sais pas si l’organisation avait réussi à franchir cette étape.

La plupart des sites de réseautage social n’acceptent pas – sciemment – que l’on présente des textes à caractère sexuel, même si c'est pour discuter sérieusement de questions sérieuses. Dans certains pays, il existe des partis politiques voués à cette question. Au Canada et en Australie, il y a même un Sex Party. Aux États-Unis, il y a les Démocrates (Democratic Party) et les Républicains (Republican Party), et les deux ne sont pas nécessairement favorables à un plus grand respect des droits sexuels. Seuls les libertariens et les organismes préoccupés par la censure gouvernementale et le placement dans les tribunaux de juges ayant l’esprit moins large ont exprimé des inquiétudes à cet égard, et les grands médias leur font souvent la sourde oreille.

Toutes sortes de revues aiment bien publier des articles sur le sexe, que ce soit Playboy et Penthouse ou Cosmo et même Chatelaine. Mais ce sont généralement des articles du genre « Trouvez son point érogène ». Une belle exception à la règle a paru dans Free Inquiry en 2004, lors de la publication de ce que l’on décrivait comme étant une Déclaration des droits et responsabilités en matière de sexualité revue et améliorée. Plus tard dans la même année, The Humanist a présenté une revue critique de cette nouvelle déclaration et a également étudié les questions des réactions des adultes face à la sexualité des mineurs, des tentatives des politiciens d’étouffer la discussion sur le sexe dans les revues destinées aux adolescents, des lois pénales nord-américaines contre l'adultère, et de l’amour à partenaires multiples (poly). On trouve ces mêmes sujets séparément sur Internet, mais il est rare que l’on les trouve en un seul endroit et que l’on traite des ces questions avec le respect et le sérieux qu'ils méritent.

Bien que la plupart des gens seront toujours monogames et classiques en matière de sexualité, il y a parmi eux un grand nombre de personnes larges d'esprit qui accepteraient que l’on explore toutes les possibilités de la sexualité humaine. En effet, si de telles choses ne sont explorées et discutées qu’à voix basse, avec de l’embarras et dans le secret le plus total, les personnes qui s'opposent activement à la liberté sexuelle continueront de dominer sur la place publique. Je crois que c’était d’ailleurs la raison d’être de NOSE, soit de sortir ces questions au grand jour et surtout de réunir d’animer les gens qui s’intéressent à ces questions, ce qui est tout aussi important. Il est malheureux ce beau projet n’ait pas eu de suite.

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