J'avais deux nouveaux articles en veilleuse. Je tardais à les publier car plus je les lisais, plus je m’interrogeais à l’égard de certains de leurs énoncés de base. J'ai fini par les publier en un seul article tout juste avant celui-ci, et maintenant je veux jouer un peu l'avocat du diable.
Dans mon blog précédent, j'ai noté que du point de vue des généticiens, l’humain est une espèce monogame. En réfléchissant davantage à cette question, je me suis demandé comment « ils » sont arrivés cette conclusion. Il va de soi que les hommes et les femmes cherchent des partenaires de vie. Mais dans quelle mesure les humains en cherchent-ils un seul? Dans quelle mesure les humains sont-ils vraiment disposés à renoncer à tout autre prétendant ou prétendante?
Nous sommes tellement habitués à l'idéal de la monogamie dans la société moderne que l'on oublie que d'autres types de mariages et de relations ont existé dans le passé, et existent encore. La polyandrie et la polygamie ont existé dans différentes sociétés pour diverses raisons. Parfois, un homme se permettait d’avoir plusieurs épouses en raison de son statut social ou parce qu’il était richissime et pouvait toutes les faire vivre. Dans d'autres cas, certains hommes pouvaient avoir deux femmes parce qu'il n'y avait pas assez d'hommes pour suffire à la demande. Dans certaines cultures autochtones de l’Amérique, un homme pouvait partager sa femme – si elle consentante – avec un de ses amis encore célibataire. La politique chinoise d’un seul enfant par couple et la préférence traditionnelle pour des enfants mâles a fait en sorte qu’il y a aujourd’hui une pénurie de femmes chinoises célibataires. Quelles pourraient être les répercussions sur les pratiques sexuelles?
Même si la monogamie s'est imposée un peu partout dans le monde, le mariage visait autrefois non seulement l'union de deux personnes, mais de deux familles. Dans certains cas, des alliances politiques ont été tissées entre royaumes par le mariage de la fille d'un roi à un roi ou à un dauphin. L'amour n'y était pour rien, si ce n’était des relations adultères qui, bien que réprouvées officiellement, étaient néanmoins tolérées. En d’autres mots, ne dites rien et on ne vous demandera rien d’embarrassant.
Aujourd'hui, les choses ne sont pas moins compliquées. Oui, de nombreuses relations strictement monogames peuvent durer des décennies. D'autres personnes optent pour la monogamie en série, soit une relation monogame après l'autre. Puis il y a les personnes qui refusent de choisir entre deux prétendants (ou plus) et optent pour la polyamorie ou le ménage à trois.
Je me suis demandé où se situaient les « échangistes » dans tout cela. Chaque membre d’un couple échangiste peut bien avoir des relations sexuelles avec des personnes autres que le conjoint, mais l’attachement des conjoints l’un à l’autre reste fort. Par conséquent, sont-ils monogames et non possessifs ou non monogames mais tout de même fort engagés dans leur vie de couple? Ou les deux?
La plupart des gens ne choisiront pas d’avoir des relations non-conventionnelles. Cependant, est-ce en raison de la nature humaine ou est-ce plutôt dû aux pressions exercées par la société? Il serait facile de dire que la monogamie ne reflète pas la nature humaine étant donné les nombreuses personnes qui la trouvent trop contraignante. Pourtant, la monogamie reste omniprésente dans presque toutes les cultures d'aujourd'hui. Est-ce que ce serait le cas si la nature humaine n’aidait pas les choses?
Cela se complique lorsque l’on étudie davantage le sens du mot monogamie et son emploi. Trois types nous intéressent dans le cas présent :
La monogamie sociale désigne une relation entre deux personnes qui vivent ensemble, ont des rapports sexuels l’une avec l’autre, et mettent en commun les ressources nécessaires pour vivre. L’exclusivité sexuelle peut être implicite, mais elle n’est pas pour autant nécessaire.
La monogamie sexuelle désigne toute situation où deux personnes ont des rapports sexuels l’une avec l’autre à l’exclusion de tout autre partenaire. Ces deux personnes peuvent vivre ensemble ou non.
Enfin, la monogamie génétique désigne toute situation où deux personnes ont des enfants l’une avec l’autre seulement, peu importe le nombre d’autres partenaires sexuels.
Qu’en est-il donc des échangistes? Ils peuvent facilement vivre une situation de monogamie sociale et de monogamie génétique. Les polyamoureux pourraient correspondre à la troisième définition, et peut-être la première si ces personnes affichent ouvertement leur mode de vie sexuel. Les personnes en mariage libre peuvent correspondre à la troisième définition ou pas.
Donc, l’espèce humaine est-elle une espèce monogame? Tout dépend de la définition du terme monogamie.
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