La population mondiale approche les sept milliards. Il peut donc être surprenant d'apprendre que notre espèce, Homo sapiens, a failli disparaître à un moment donné.
Notre espèce est apparue peu de temps avant il y a 195 000 années, à un moment où le climat africain était doux et qu’il y avait beaucoup de nourriture. À l’époque, la population des Homo sapiens était d'environ 10 000 personnes. Soulignons que cela n’inclut pas une autre espèce humaine, les Néandertaliens, qui vivaient en Eurasie.
Mais la planète a connu une époque glaciaire que les géologues ont nommé stade isotopique marin 6. Ce stade a commencé il y a 195 000 années et a duré 72 000 ans, soit il y a 123 000 années. Pendant ce temps, le climat était plus froid et plus aride, et les déserts que nous connaissons aujourd'hui étaient probablement encore plus grands. Presque tout le continent africain aurait été inhabitable.
Au cours du stade glaciaire, le nombre d'Homo sapiens est passé de 10 000 personnes à quelques centaines seulement. (Encore une fois, cela ne comprend pas la population néandertalienne qui semble être restée plus stable.) Cela signifie que toutes les personnes qui vivent aujourd'hui descendent d'un groupe qui a eu la chance de se trouver dans une partie plus clémente de l'Afrique et d’y survivre.
Il est donc ironique que notre espèce a fini par avoir des répercussions sur tant d'autres espèces au cours des millénaires qui ont suivi. L’émission Découverte, à la télé de Radio-Canada, a récemment présenté un reportage sur la sixième grande disparition de l'histoire naturelle de la terre. Contrairement aux autres qui avaient été causées par des phénomènes naturels, celle-ci était causée par les actions de l’humanité.
Selon les dernières recherches, une certaine espèce de caribou au Québec évite tout ce qui ressemble à de l'activité humaine, refusant même de traverser les chemins forestiers. Imaginez donc les répercussions lorsque l’habitat du caribou est altéré par les coupes à blanc.
Dans d’autres régions du monde, les scientifiques cherchent à identifier le plus rapidement possible de nouvelles espèces afin de mieux déterminer si leur disparition éventuelle est causée par l'activité humaine. Un des scientifiques a parlé de l'homogénéisation des espèces partout dans le monde. Tout comme la musique et les actualités deviennent les mêmes dans tous les pays, l’on risque de ne plus voir que des espèces adaptées à la présence humaine, les autres ayant toutes disparu.
Ce n'est pas que l'humanité ne suit pas sa conscience. Il faut plutôt reconnaître qu’après seulement deux centaines de milliers d’années d'existence, notre espèce a atteint un stade de développement qui perturbe l'équilibre naturel de la planète entière.
Pendant longtemps, notre espèce a dû constamment lutter contre les caprices de la nature, et ce avec peu de défenses et peu de forces naturelles, ainsi qu’avec une technologie presque inexistante. Notre intelligence, la seule arme spéciale à notre disposition, n'a pas toujours suffi.
Au fil du temps, nous avons fait des progrès et des découvertes remarquables qui nous ont permis de vaincre des maladies qui étaient autrefois mortelles, et dans de nombreux cas, de mettre un terme aux famines répétées. Les taux de mortalité sont aujourd'hui nettement inférieurs à ceux du 19e siècle. Aujourd'hui, on ne meurt plus de vieillesse à l’âge de 40 ans.
Ces progrès se sont opérés dans un clin d'œil géologique et la nature n’arrive à compenser que lentement et partiellement. Lorsqu’un équilibre naturel ne peut pas être rétabli, la nature cherche un nouvel équilibre. Or, nous avons pendant longtemps fait un pied de nez à la nature, en cherchant toujours à la tromper et à la déjouer. Notre présence de plus en plus nombreuse sur la planète entraîne déjà des conséquences négatives pour la biodiversité.
La vie a toujours su rebondir après chacune des grandes disparitions antérieures. Pourra-t-elle en faire autant cette fois-ci?
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