vendredi 31 décembre 2010

Préoccupé par l'enfouissement de livres

La lettre qui suit a paru en anglais dans l'édition du 27 août 2003, du Daily Gleaner de Fredericton. Voici ma traduction :

À la rédaction :

La véritable histoire du Canada devrait être enseignée à nos enfants. J'espère que quelqu'un de la profession d’enseignement saura répondre à cette lettre.

Quand j'ai demandé à ma petite-fille si l’on lui enseignait l'histoire, elle a dit oui. Je lui ai demandé, « Quelle histoire vous enseigne-t-on? » Elle a dit « Les Voyageurs ».

Je suis persuadé que le ministre de l'Éducation devrait s'abstenir d'imposer à nos enfants anglophones dans le système scolaire une fausse histoire réécrite. Le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse abondent d’histoire britannique. Ce sont les Anglais, et non les Français, qui se sont d'abord installés ici. On ne peut changer ce fait historique sans la fausser.

Les Français se sont installés à la baie d'Hudson et dans la région Saint-Laurent. Il reste que je suis préoccupé par la destruction de notre histoire britannique au Canada, et surtout aux Maritimes.

Un opérateur d'équipement lourd devait démolir un bâtiment à Weymouth (N.-É.). Il a remarqué qu’il y avait un tas de livres qui devaient être enfouis avec le bâtiment. Il les a examinés et il a gardé très beau livre sur l'histoire de la Guerre de Sept ans au Canada, de 1756 à 1763.

Il m’a prêté ce livre et je l'ai lu. Il vaut son pesant d'or. Pourquoi vouloir détruire ce livre? Combien d’autres livres de ce genre sont détruits pour des raisons sinistres?

C’est signé Melvin A. Smith, de Fredericton.

Normalement, je m’élèverais contre toute destruction de livres. Mais si ce que M. Smith rapporte est vraiment ce que l’on trouve dans ces livres, il aurait peut-être été préférable qu’ils soient enterrés.

Cependant, je crois que M. Smith peut même avoir toujours cru que les Britanniques étaient arrivés avant les Acadiens, et ces livres n’ont rien fait d’autre que de confirmer dans son esprit une fausseté à laquelle il a toujours cru. À cet égard, toute personne qui prend le temps de se renseigner sur l'histoire des Maritimes, en particulier grâce aux ouvrages plus récents et plus objectifs, verra bien que les Français s’étaient établis dans les Maritimes en même temps qu’ils colonisaient le Saint-Laurent.

Les Britanniques s’étaient aussi clairement établis aux Maritimes, mais seulement après que les Acadiens y aient été enlevés de force. En effet, la propagande de l'époque laissait croire aux colons britanniques que les Acadiens ont eu beaucoup de chance de trouve une terre aussi fertile que celle de la Nouvelle-Écosse d’aujourd’hui puisqu’ils travaillaient très peu la terre afin d’y gagner leur vie. Les Acadiens étaient « indolents », disait-on.

Les colons qui ont « remplacé » les Acadiens ont vite constaté que les Acadiens étaient loin d'être indolents. Une des stratégies agricoles des Acadiens consistait à arracher des terres des marais, de la mer et des rivières au moyen de digues appelés aboiteaux. C’est le limon déposé avant la construction des aboiteaux et lors des crues extrêmes qui rendait la terre si riche. Quand les aboiteaux se brisaient ou se défaisaient, les nouveaux colons venus de la Nouvelle-Angleterre ne savaient pas comment les réparer et ont fait appel aux autorités à Halifax afin qu’ils envoient des prisonniers acadiens afin de faire réparer les digues.

Ainsi, les Anglais ont eu beaucoup plus besoin des Acadiens qu’ils ne voulaient l'admettre. C’était le début d’une relation difficile entre les deux groupes.

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