« Attendu que, malgré les bienveillantes offres d'amitié et de protection que nous avons formulées au nom de Sa Majesté envers les Indiens qui habitent cette province, (...) le samedi 30 septembre, un groupe de ces sauvages a attaqué des hommes sans armes qui coupaient du bois non loin de la scierie et ont sauvagement tué quatre d’entre eux et ont emporté un autre. » (Les italiques sont de moi.)
Le paragraphe ci-dessus est un extrait de la Proclamation de scalpage de 1749 émis par Edward Cornwallis, qui était gouverneur de la Nouvelle-Écosse à l’époque. Cet extrait peut nous laisser croire que les « Indiens » sont des personnes méprisables.
Mais, est-ce la seule conclusion possible?
Dans We Were Not The Savages, l'écrivain Daniel N. Paul présente un argument que l’on ne voit presque jamais dans les livres écrits par les historiens de souche européenne : Le pays des Mi'kmaq a été occupé, mais jamais cédé.
Pour appuyer ses propos, il fait remarquer que la France n'a jamais vraiment négocié la cession de terres dans lesquelles vivaient les Mi'kmaq (ni celles des Malécites, par ailleurs). Au lieu de cela, les autorités françaises ont pris grand soin de ne pas s’ingérer dans la vie des Mi'kmaq afin de maintenir de bonnes relations avec eux. Plutôt que d'essayer de soumettre les Mi'kmaq, ils ont choisi la cohabitation amicale. Et comme ils étaient de bons voisins, les Mi'kmaq les ont acceptés.
Pour la France, le territoire appelé Acadie, qui couvre à peu près les provinces actuelles de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard, était certainement une possession française. Cependant, la France a adopté une stratégie visant à maintenir de bonnes relations avec les autochtones, et cela comprenait le fait de cacher cette information importante. Nous pouvons critiquer les Français de ne pas avoir été plus honnêtes à cet égard. Mais la stratégie avait au moins l’avantage d'éviter les hostilités.
Lorsque les Britanniques ont définitivement conquis l'Acadie, on disait à l’époque que le territoire avait été cédé par la France à la Grande-Bretagne. Toutefois, lorsque les autorités coloniales britanniques ont tenté d'imposer leur volonté, les autochtones ont réagi en disant que la France ne pouvait pas céder ce qui ne lui appartenait pas. Les autorités coloniales ont refusé de traiter avec les Mi'kmaq en tant que nation souveraine et ont insisté que le pays était devenu britannique. Dès lors, la guerre sévissait entre les Mi'kmaq et la Grande-Bretagne.
À la lumière de cela, on pourrait dire que les Britanniques, dans une situation de guerre en territoire contesté, ont bêtement exposé quelques bûcherons à un danger certain en les envoyant sans armes et sans escorte travailler à une certaine distance de la collectivité.
Quoi qu’il en soit, la proclamation mettait à prix la tête de chaque homme, femme et enfant de la nation Mi’kmaq. L'idée de punir seulement les responsables de l’agression n’a pas été retenue, et il est douteux que l’on ait même songé à cela. Les autorités voulaient se débarrasser complètement des Mi'kmaq.
« ... Les Indiens qui ont scalpé vos ancêtres étaient ouvertement leurs ennemis et avaient de bonnes raisons pour faire ce qu’ils ont fait. Ils se sont battus pour le pays, qu'ils aimaient comme nous l'avons aimé au cours de ces dernières années. » L'homme qui a fait cette déclaration est Joseph Howe. Les efforts de ce dernier dont dans d’autres domaines feront en sorte que la Nouvelle-Écosse deviendra la première colonie du territoire canadien actuel à se doter d’un système de gouvernement responsable.
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