Dans son numéro de février 2010, Scientific American nous offre un article intéressant : The Naked Truth: Why Humans Have No Fur (La vérité toute nue: Pourquoi les humains n'ont pas de fourrure). En voici un bref résumé :
Parmi les fonctions de la fourrure, il y a celles de conserver la chaleur et de protéger contre le frottement, l'humidité, les parasites et les microbes. En outre, elle sert à la communication entre animaux d’une même espèce, comme lorsqu’un chien soulève les poils du cou et du dos pour dire aux autres de se tenir à distance.
La plupart des mammifères ont au moins quelques poils. Dans certains cas, les poils sont si rares et fins qu'ils ne remplissent aucune fonction. Dans le cas des hétérocéphales (rats-taupes nus), ils se pressent les uns contre les autres pour se tenir au chaud, et comme ils ne peuvent pas se voir, il serait inutile de se servir des poils pour communiquer. Les baleines et les dauphins n'ont pas de fourrure afin de réduire la traînée lorsque ces animaux parcourent de grandes distances ou lorsqu’ils plongent. Les éléphants, les rhinocéros et les hippopotames sont à peu près aussi nus que nous parce qu’ils risquent autrement de surchauffer en raison de leur grosseur. Les loutres ont une fourrure qui permet de flotter plus facilement, tout en remplissant le rôle de protection habituelle sur la terre ferme. De tous les primates, les humains sont les seuls à n’avoir presque pas de poils.
Puisque que les humains ne vivent ni dans un milieu souterrain, ni dans l'eau, et ne sont pas énormes comme les éléphants ou les rhinocéros, pourquoi sont-ils si nus? Il s'avère que même les mammifères plus petits risquent de se surchauffer dans certaines circonstances si le système de refroidissement ne suffit pas à la tâche.
Les humains se refroidissent en transpirant abondamment. Il existe principalement trois types de glandes sudoripares : sébacées, eccrines et apocrines. Chez la plupart des mammifères, les glandes sébacées et apocrines sont les glandes sudoripares prédominantes et se trouvent près de la base des follicules pileux. Le mélange des sécrétions produit une couche huileuse, parfois mousseuse. Si cela peut contribuer à refroidir un animal, sa capacité à dissiper la chaleur est limitée, car l'évaporation des secrétions se produit à la surface de la fourrure, et non à la surface de la peau. Plus les animaux à fourrure suent, moins la chaleur est dissipée efficacement, parce que la fourrure devient emmêlée et l'évaporation en est entravée.
Les humains, en plus de ne pas avoir de fourrure, ont beaucoup plus de glandes sudoripares eccrines que les animaux à fourrure. Au lieu de se trouver près des follicules pileux, ces glandes sont relativement près de la surface de la peau et la sueur sort par les pores. La combinaison de la peau nue et de la sueur aqueuse produite principalement par les glandes eccrines permet aux humains de se refroidir plus facilement. Un être humain peut produire jusqu'à 12 litres de ce mince liquide chaque jour.
Pourquoi les humains ont-ils développé ce genre de système? Selon la théorie, il y a eu un refroidissement à l’échelle de la planète qui a mené à des conditions plus sèches en Afrique centrale et de l’Est, région d’origine présumée des premiers ancêtres de l'humanité. En raison du climat plus sec, les aliments végétaux (fruits, feuilles, tubercules, graines) et les sources d'eau douce sont devenues rares, et la forêt a fait place aux prairies. Nos ancêtres ont dû renoncer à une cueillette tranquille pour parcourir de grandes distances afin de trouver des plantes comestibles et de l'eau. Le besoin de calories supplémentaires a fini par pousser nos ancêtres à manger de la viande. Des études ont montré que si nos ancêtres n’avaient pas acquis un plus grand nombre de glandes eccrines et qu’ils avaient en plus conservé la fourrure, ils auraient couru un risque constant de se surchauffer en raison de leur activité physique accrue.
Depuis que l’humanité se tient debout pour se déplacer, la seule zone du corps où il a fallu garder les cheveux en quantité est la tête, afin de la protéger du soleil. Les cheveux denses de la tête créent une barrière d'air entre la transpiration du cuir chevelu et la chaleur à la surface des cheveux.
Les poils dans les aisselles et dans la région pubienne se combinent à la sueur pour produire des phéromones, ainsi que pour assurer une lubrification dans ces parties du corps lors des déplacements. Partout ailleurs, les cheveux ont généralement disparu ou sont devenus si fins et rares qu’ils sont à présent inutiles. Par contre, la peau est devenue plus imperméable et résistante aux éraflures.
Le système de refroidissement plus efficace a également permis le développement du cerveau. Les australopithèques avaient un cerveau d'une taille moyenne de 400 centimètres cubes, soit environ la même taille que celui d'un chimpanzé. Le cerveau d’homo ergaster était deux fois la taille de celle des australopithèques. La taille moyenne du cerveau de l’humain moderne dépasse celle d’homo ergaster d’un autre 400 centimètres cubes. Chaque augmentation de la taille du cerveau augmente la chaleur que ce dernier produit. Sans un système de refroidissement très performant, les humains n’auraient jamais pu avoir un cerveau si développé, ni l'intelligence qui l'accompagne.
Une autre partie de l'article explique pendant combien de temps notre espèce se trouvait à la fois sans fourrure et sans vêtements. Contrairement aux poux de tête, les poux de corps se nourrissent bel et bien de sang, mais vivent dans les vêtements. Des analyses de séquences de gènes des poux montrent que les poux de tête nous rendent la vie dure depuis toujours, tandis que les poux de corps ont évolué beaucoup plus tard. Actuellement, on estime que les poux de corps sont apparus environ un million d'années après la disparition de notre fourrure. Cela signifie que pendant un million d'années, nous étions vraiment nus.
(MISE À JOUR : Plus de détails ici.)
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