vendredi 26 février 2010

Nous ne cherchons que les faits

Dans un article précédent, j'ai présenté de la position de Daniel N. Paul, auteur de We Were Not The Savages, concernant les relations entre les Britanniques et les Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. Il y a peut-être lieu de fournir un peu plus de contexte.

Mon article précédent a été « inspiré » par une série de lettres publiées dans le Chronicle Herald, un journal de Halifax. Dans son édition du 29 janvier 2010, le Chronicle Herald a publié une lettre de D.L. Nicholson qui se dit descendant d'un dénommé Charles Morris. M.Nicholson écrit que la maison de Charles Morris à Halifax devrait être préservée comme site historique, même si M. Morris avait joué un rôle dans la déportation des Acadiens. Il réagissait aux propos d’un autre descendant de Charles Morris qui était d’avis contraire et avait exprimé son opinion à la radio locale. L’argument principal de Nicholson était que l'histoire doit être préservée, que les événements soient bons ou mauvais. Comme exemples, il parle du camp de concentration d'Auschwitz et du monument d’Edward Cornwallis, fondateur de Halifax, celui même qui a offert une prime pour les scalps de Mi'kmaq, quand il était gouverneur de la Nouvelle-Écosse, à l'époque coloniale.

En réaction à cela, un certain Eric Hamblin a écrit une lettre qui a été publiée le 3 février. Parmi ses déclarations : « Edward Cornwallis a offert une prime pour les scalps après que des Indiens aient attaqué une famille de colons à Dartmouth et les avaient tous scalpés. Il s’agissait d’une justice du genre œil-pour-œil que les Indiens appréciaient. »

C’est ce qui a poussé Daniel N. Paul à réagir avec une version plus condensée de ce que j'ai écrit dans l’article précédent. Dans sa lettre, publiée le 8 février, il écrit : « Pendant une période de guerre, permettre que des hommes se rendent dans les bois sans protection se résume à de l'incompétence militaire. Réagir ensuite en plaçant une prime sur la tête de toute une race de personnes, dont des femmes et des enfants innocents, est d’une barbarie extrême. »

M. Paul poursuit en disant que les représentants de la Couronne britannique ont émis des centaines de proclamations de scalpage dans leurs colonies d’Amérique du Nord, menant à l'extinction d'innombrables tribus.

Pour revenir à M. Hamblin, il soutient que la France avait cédé le Canada à la Grande-Bretagne après la bataille des Plaines d'Abraham, et qu’une des conséquences de ce transfert a été l'expulsion des Acadiens. Selon lui : « C'est la pratique habituelle des vainqueurs lors de ces conflits d'exiger que les habitants prêtent un serment d’allégeance aux nouveaux dirigeants. Les Acadiens ont refusé. » Il ajoute que « après les avoir dûment avisé des conséquences de leur refus, ils furent embarqués pour la Louisiane ».

Il termine en disant: « ... Ne confondons pas les faits avec ce que nous aurions voulu voir se produire. »

Dans l'édition du 8 février, Zach Chisholm signale de nombreux cas où Hamblin se trompe. Premièrement, il note que « le Canada » (c’est-à-dire, la Nouvelle-France) a été cédé à la Grande-Bretagne en 1763 seulement, lors de la signature du Traité de Paris. Il ajoute que la déportation des Acadiens a commencé en 1755, bien avant les Plaines d'Abraham, en 1759. Lors de la cession du Canada, la plupart des Acadiens avaient déjà été déportés.

M. Chisholm ajoute que l'Acadie est tombée aux mains des Anglais en 1710, et que la Déportation a commencé 45 ans plus tard. En outre, les Acadiens qui se sont installés en Louisiane l’ont fait volontairement. Au cours de la Déportation, la plupart des Acadiens ont été envoyés dans les colonies américaines, tandis que d'autres se sont retrouvés dans des camps d'internement en anglais, et d'autres en France.

On n’a jamais publié la lettre que j'ai envoyée à mon tour. Voici donc une version condensée après avoir enlevé les arguments déjà présentés – de belle façon, d’ailleurs – par M. Chisholm.

Lors de la Déportation, près de 42 ans après la prise en charge de la colonie par la Grande-Bretagne, la plupart des Acadiens qui vivaient à l'époque sont nés dans un territoire que les Britanniques eux-mêmes considéraient comme étant le leur. Par conséquent, les Britanniques ont déporté des personnes nées en sol britannique sans leur donner droit à un procès. Que leurs parents et grands-parents aient prêté serment d'allégeance ou non n'est d’aucune importance. Les Acadiens, en particulier ceux âgés de 40 ans ou moins en 1755, n'étaient pas des étrangers, du moins pas plus que les colons anglais qui les ont suivis.

Fait intéressant selon Wikipedia : Lors des négociations menant au Traité de Paris, la France pouvait choisir de garder soit la Nouvelle-France, soit ses colonies des Caraïbes. La France a choisi les colonies des Caraïbes, probablement en raison de ses ressources naturelles faciles à exploiter et aussi parce qu’il serait plus facile de défendre les colonies des Caraïbes que de défendre la Nouvelle-France contre les colonies britanniques prospères.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire