lundi 1 mars 2010

Neutralité

Le Québec, une des provinces du Canada, a vécu une période pendant laquelle il s’est manifesté un certain mécontentement concernant l’accommodement raisonnable des différences culturelles dans la société québécoise. Certains Québécois « pure laine » avaient du mal à accepter que certaines personnes ne se conforment pas à ce qu'ils croyaient être un comportement québécois « normal ». En conséquence, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles a été formée en 2007, et le rapport final de la Commission a été rendu public le 22 mai 2008.

Voici une des recommandations énoncées dans un communiqué de presse : « Les coprésidents recommandent que le port de signes religieux soit interdit à ses représentants qui doivent incarner au plus haut point la neutralité de l’État et préserver l’apparence d’impartialité indispensable à leurs fonctions. Il s’agit des magistrats, des procureurs de la couronne, des policiers, des gardiens de prison et des président et vice-présidents de l’Assemblée nationale. Par contre, les enseignants, les fonctionnaires, les professionnels de la santé et tous les autres agents de l’État devraient pouvoir continuer à porter des signes religieux, comme c’est le cas actuellement. Toujours au nom du principe de la neutralité, le crucifix de l’Assemblée nationale et la récitation de la prière aux réunions des conseils municipaux ne devraient pas avoir leur place dans un État laïc. » (Source : Cliquer ici.)

Récemment, un des membres de la Commission, Charles Taylor, a été interviewé à l’émission Tout le monde en parle, à la télé de Radio-Canada. En répondant à différentes questions, il a réitéré ce que l’on peut lire dans le paragraphe ci-dessus, à savoir que la plupart des fonctionnaires devraient être autorisés à porter des symboles religieux ostentatoires, mais que le crucifix à l'Assemblée nationale (le nom de leur assemblée législative) devait être enlevé.

L’Assemblée nationale a déjà voté pour le maintien du crucifix pour des raisons « historiques ». Pendant la même émission, la chef d’un des partis de l'Opposition, Pauline Marois du Parti québécois, a défendu cette décision pour la même raison. D'autre part, elle voudrait également interdire le port de symboles religieux pour tous les fonctionnaires. Elle est particulièrement préoccupée par le port du voile par les femmes musulmanes, une pratique qu’elle qualifie de signe d’infériorité des femmes par rapport aux hommes.

J'ai tendance à privilégier la position de M. Taylor, surtout en ce qui concerne l'affichage du crucifix, mais je peux aussi comprendre les préoccupations de Mme Marois, surtout pour ce qui est d’un symbole qui semble aller à l'encontre du principe de l'égalité des sexes. En fait, cela me rappelle mon article du 22 décembre dernier, dans lequel j’avais publié la déclaration d’une femme, vraisemblablement musulmane, concernant le port du hijab : « Je crois que le hijab ou le niqab peut permettre aux femmes de se prendre en main. Puisque leurs cheveux et leurs corps sont couverts, on ne pourra pas les juger selon leur apparence physique. L’intelligence et la personnalité l’emporteront. »

En réaction à cela, un lecteur m’a écrit : « Mais pourquoi cette logique à propos de l'intelligence ne s'applique-t-elle pas aux hommes alors? En fait les puristes musulmans ne font que chercher des justifications, un point c'est tout. En bout de ligne c'est une question de contrôle et ça ne sera toujours que ça! »

Voilà un argument difficile à réfuter!

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