Les opposants affirment que la fin de l’entente pour vendre Énergie NB à Hydro-Québec est une victoire pour le peuple. Le temps nous dira si, en remportant cette victoire, nous avons perdu une guerre.
Dans l'édition du 31 mars du Telegraph Journal, le chroniqueur David Campbell présente une nouvelle perspective dans le débat entourant Énergie NB.
Vers la fin du 19ème siècle, des communautés aux États-Unis cherchaient des façons de promouvoir le développement économique. Ils ont conclu que s'il y avait une source d'électricité à bon prix, l’on pourrait attirer les investisseurs et les grands projets, ce qui assurerait une certaine prospérité dans les régions pauvres de l’époque. Les autorités canadiennes ont fait la même chose peu après.
Pendant longtemps, même le Nouveau-Brunswick pouvait offrir des tarifs compétitifs, mais ce n’est plus le cas depuis les premières années du siècle actuel. La grande industrie au Nouveau-Brunswick est de moins en moins concurrentielle et songe sérieusement à se retirer. Le contrat avec Hydro-Québec visait à remettre les choses sur la bonne voie.
Mais un grand nombre de personnes n’y voient vu que des contes en l’air à cet égard se sont opposés à un accord qui offrait des tarifs considérablement réduits pour les clients industriels, mais seulement un gel des tarifs pour les résidents et les petites entreprises. Nous verrons au fil du temps s’il s’agissait vraiment de contes en l’air.
Différentes personnes opposées à l'accord avaient leurs propres raisons de s'y opposer. Certains s’y sont opposés parce qu’ils ne voulaient pas traiter avec une province francophone. D’autres s’y opposaient en disant que le Québec affichait ses vraies couleurs en refusant de renégocier une entente qui s’est révélée très avantageuse pour lui, mais très désavantageuse pour Terre-Neuve. Certains s’y opposaient parce que le Québec « pourrait » un jour se séparer du Canada. Au moins une personne a écrit pour dire que la fin de l’entente signifiait que les emplois resteraient au Nouveau-Brunswick, et l’argent pour ces emplois aussi. Cette personne oublie que le carburant qui alimente les centrales vient de l'extérieur du Nouveau-Brunswick et doit être payé.
Mais M. Campbell a probablement raison lorsqu’il dit que de nombreuses personnes s’opposaient au fait que les grandes industries auraient été les seuls à profiter de réductions des tarifs. « Injuste! », ont-ils déclarés.
Il n’y a pas longtemps le gouvernement du Nouveau-Brunswick affirmait qu’un régime fiscal concurrentiel aiderait à stimuler la croissance économique. J’ai de sérieux doutes à cet égard, car les entreprises ne s’installent pas seulement pour profiter d’un meilleur régime fiscal. Mais les entreprises peuvent s’installer chez nous si l'infrastructure répond à leurs besoins, et l'électricité à des prix compétitifs fait partie importante d’une infrastructure avantageuse.
Je ne suis pas forcément un grand amateur des grandes entreprises, et j’ai toujours des questions en ce qui concerne les droits des travailleurs. Mais si nous voulons que l’économie puisse croître, les entreprises doivent avoir accès aux outils nécessaires pour prospérer. Il ne faut pas se contenter de dire
« non » sans examiner la situation d’une perspective plus globale.
Le danger, ce n'est pas ce que l'on ignore; c'est ce que l'on tient pour certain, mais qui ne l'est pas. -- Mark Twain
mercredi 31 mars 2010
lundi 29 mars 2010
Jamais sans mon nom
Une femme de Moncton, au Nouveau-Brunswick (Canada), est disparue pendant 27 jours. Alors que l’on craignait le pire, elle a été retrouvée dans une rue de la ville et rapidement remise à la police. Plus tard dans la journée, un dénommé Roméo Jacques Cormier a été arrêté, et le lendemain, il a été accusé de nombreux actes criminels, y compris un chef d'agression sexuelle.
Avant sa comparution, le nom de l'accusé était inconnu, mais le nom de la femme enlevée était sur toutes les lèvres. Pendant des semaines, la police a reçu des renseignements possibles à son égard, et l’on a tout fait afin que les média gardent son nom et sa photo dans l’esprit du public. Lorsqu’il a été annoncé qu’on l’avait retrouvée vivante, toute la province poussé un soupir collectif de soulagement.
Mais nous ne verrons peut-être plus son nom dans la presse écrite ou électronique, car elle est la victime présumée d’une
« infraction d’ordre sexuel ». Le droit pénal canadien prévoit qu’un juge doit, dans un tel cas, rendre une ordonnance interdisant la publication du nom d'une victime ou toute information pouvant permettre de l’identifier, et ce sur demande, soit de la victime ou, dans ce cas, de la procureure.
Nous devrons donc parler de la victime comme Celle-qui-ne-doit-pas-être-identifiée. L'accusé doit répondre à des chefs d'enlèvement, de séquestration, de vol d'argent avec violence, de voies de fait avec un couteau, d'avoir proféré des menaces de mort, et – vous l'avez deviné – d'agression sexuelle. Il est maintenant nommé, mais même si Celle-qui-ne-doit-pas-être-identifiée ne doit plus être nommée, nous savons tous de qui il s’agit.
C’est presque routinier qu’un juge rende une telle ordonnance puisque cela vise à encourager les victimes d'agression sexuelle de porter plainte sans craindre que toute sa vie privée soit étalée sur la place publique, étant donné la nature de l’infraction. La plupart des victimes d'agression sexuelle n’ont jamais droit à une alerte publique d’une telle ampleur avant qu’elles n’échappent à leurs ravisseurs. Dans ces cas, une ordonnance pour empêcher l’identification de la victime a du sens. (Certaines personnes ne sont pas d'accord avec de telles pratiques, mais c'est alors toute une autre histoire.)
Toutefois, dans ce cas, on est en droit de se demander si l’on a réagi un peu fort. Sommes-nous censés oublier de qui il s’agit?
En fait, je viens de découvrir que certains média ont adopté une autre stratégie. Ils continuent d’écrire et de prononcer son nom, mais évitent toute allusion à l'agression sexuelle. On pourrait croire que la prétendue victime d'une agression sexuelle ne peut être identifiée par rapport au chef d’accusation. Si l'accusation n'est pas mentionnée dans les reportages, et que l’on ne parle aucunement d'agression sexuelle, l’identification de la victime est peut-être permise. Je dois avouer que pendant toutes mes années comme journaliste et, plus tard, comme passionné de l’actualité, je n'ai jamais imaginé un tel scénario. Autre point d'intérêt : Ceux qui continuent de nommer la victime sont des médias de langue française, tandis que les médias anglais parlent de l'agression sexuelle et doivent donc éviter de nommer la victime.
Pour ceux qui se posent la question, l’article du Code criminel du Canada portant sur les interdictions de publication dans les cas d'infractions sexuelles se trouve dans la partie XV, qui traite, entre autres, de « Pouvoirs généraux de certains fonctionnaires ». Selon la consolidation la plus récente, l’article portant sur une
« Ordonnance limitant la publication – infractions d’ordre sexuel » porte le numéro 486.4.
L’alinéa 486.4(1)b) porte sur une situation où il y a deux infractions ou plus dans le cadre de la même procédure, dont l’une est une infraction visée à l’alinéa précédent.
L’alinéa 486.4(1)a) énumère les différentes infractions pour lesquelles il peut y avoir une interdiction de publication. Je ne sais pas comment les médias peuvent se permettre de nommer la présumée victime puisque cette partie du Code semble assez clair en ce qui concerne deux infractions traitées lors d’une même procédure. Cela dit, le procès n'a pas encore lieu. Peut-être qu’à ce moment-ci, il est possible de s’en tirer sans sanctions.
Avant sa comparution, le nom de l'accusé était inconnu, mais le nom de la femme enlevée était sur toutes les lèvres. Pendant des semaines, la police a reçu des renseignements possibles à son égard, et l’on a tout fait afin que les média gardent son nom et sa photo dans l’esprit du public. Lorsqu’il a été annoncé qu’on l’avait retrouvée vivante, toute la province poussé un soupir collectif de soulagement.
Mais nous ne verrons peut-être plus son nom dans la presse écrite ou électronique, car elle est la victime présumée d’une
« infraction d’ordre sexuel ». Le droit pénal canadien prévoit qu’un juge doit, dans un tel cas, rendre une ordonnance interdisant la publication du nom d'une victime ou toute information pouvant permettre de l’identifier, et ce sur demande, soit de la victime ou, dans ce cas, de la procureure.
Nous devrons donc parler de la victime comme Celle-qui-ne-doit-pas-être-identifiée. L'accusé doit répondre à des chefs d'enlèvement, de séquestration, de vol d'argent avec violence, de voies de fait avec un couteau, d'avoir proféré des menaces de mort, et – vous l'avez deviné – d'agression sexuelle. Il est maintenant nommé, mais même si Celle-qui-ne-doit-pas-être-identifiée ne doit plus être nommée, nous savons tous de qui il s’agit.
C’est presque routinier qu’un juge rende une telle ordonnance puisque cela vise à encourager les victimes d'agression sexuelle de porter plainte sans craindre que toute sa vie privée soit étalée sur la place publique, étant donné la nature de l’infraction. La plupart des victimes d'agression sexuelle n’ont jamais droit à une alerte publique d’une telle ampleur avant qu’elles n’échappent à leurs ravisseurs. Dans ces cas, une ordonnance pour empêcher l’identification de la victime a du sens. (Certaines personnes ne sont pas d'accord avec de telles pratiques, mais c'est alors toute une autre histoire.)
Toutefois, dans ce cas, on est en droit de se demander si l’on a réagi un peu fort. Sommes-nous censés oublier de qui il s’agit?
En fait, je viens de découvrir que certains média ont adopté une autre stratégie. Ils continuent d’écrire et de prononcer son nom, mais évitent toute allusion à l'agression sexuelle. On pourrait croire que la prétendue victime d'une agression sexuelle ne peut être identifiée par rapport au chef d’accusation. Si l'accusation n'est pas mentionnée dans les reportages, et que l’on ne parle aucunement d'agression sexuelle, l’identification de la victime est peut-être permise. Je dois avouer que pendant toutes mes années comme journaliste et, plus tard, comme passionné de l’actualité, je n'ai jamais imaginé un tel scénario. Autre point d'intérêt : Ceux qui continuent de nommer la victime sont des médias de langue française, tandis que les médias anglais parlent de l'agression sexuelle et doivent donc éviter de nommer la victime.
Pour ceux qui se posent la question, l’article du Code criminel du Canada portant sur les interdictions de publication dans les cas d'infractions sexuelles se trouve dans la partie XV, qui traite, entre autres, de « Pouvoirs généraux de certains fonctionnaires ». Selon la consolidation la plus récente, l’article portant sur une
« Ordonnance limitant la publication – infractions d’ordre sexuel » porte le numéro 486.4.
L’alinéa 486.4(1)b) porte sur une situation où il y a deux infractions ou plus dans le cadre de la même procédure, dont l’une est une infraction visée à l’alinéa précédent.
L’alinéa 486.4(1)a) énumère les différentes infractions pour lesquelles il peut y avoir une interdiction de publication. Je ne sais pas comment les médias peuvent se permettre de nommer la présumée victime puisque cette partie du Code semble assez clair en ce qui concerne deux infractions traitées lors d’une même procédure. Cela dit, le procès n'a pas encore lieu. Peut-être qu’à ce moment-ci, il est possible de s’en tirer sans sanctions.
lundi 22 mars 2010
C’est quoi le problème?
J’avais préparé des articles portant sur un documentaire intitulé What’s The Problem With Nudity? (C’est quoi le problème avec la nudité?)
Le documentaire télévisé a été préparé en 2008 pour une émission de la BBC intitulée Horizon. J’ai appris l’existence de cette vidéo après avoir d’abord lu et écrit à propos d’un article paru dans le numéro de février 2010 de Scientific American. L’article portait pour titre The Naked Truth: Why Humans Have No Fur. (Voir mon résumé de l’article.) Huit volontaires, dont quatre de chaque sexe, ont participé à une expérience visant à étudier leurs réactions à la nudité, la leur et celle des autres. Ces huit volontaires étaient des textiles, c’est-a-dire qu’ils n’étaient pas nudistes. Bon nombre de thèmes explorés dans l’article ont également été examinés dans la vidéo.
J’aurais voulu vous les présenter beaucoup plus tôt, mais il m’a fallu du temps pour en faire la traduction. J’essaie toujours de présenter mes articles dans les deux langues, en français ici et anglais sur mon blog anglais.
J’ai publié les articles en ordre inverse afin que les personnes intéressées puissent les lire l’un après l’autre dans l’ordre sur une même page Internet.
Le documentaire télévisé a été préparé en 2008 pour une émission de la BBC intitulée Horizon. J’ai appris l’existence de cette vidéo après avoir d’abord lu et écrit à propos d’un article paru dans le numéro de février 2010 de Scientific American. L’article portait pour titre The Naked Truth: Why Humans Have No Fur. (Voir mon résumé de l’article.) Huit volontaires, dont quatre de chaque sexe, ont participé à une expérience visant à étudier leurs réactions à la nudité, la leur et celle des autres. Ces huit volontaires étaient des textiles, c’est-a-dire qu’ils n’étaient pas nudistes. Bon nombre de thèmes explorés dans l’article ont également été examinés dans la vidéo.
J’aurais voulu vous les présenter beaucoup plus tôt, mais il m’a fallu du temps pour en faire la traduction. J’essaie toujours de présenter mes articles dans les deux langues, en français ici et anglais sur mon blog anglais.
J’ai publié les articles en ordre inverse afin que les personnes intéressées puissent les lire l’un après l’autre dans l’ordre sur une même page Internet.
La vérité toute nue II
Cet article est le premier d’une série portant sur la vidéo What’s The Problem With Nudity?
Tous les autres primates et la plupart des mammifères sont couverts de fourrure. La fourrure offre une protection contre l'eau, le froid et le soleil. Il s’agit d’une des plus grandes réalisations de l’évolution des mammifères. Pourquoi l’espèce humaine a-t-elle perdu ce qui a pris des millions d’années à acquérir?
Selon une théorie défendue par Charles Darwin, nos ancêtres préféraient des partenaires sexuels moins poilus et les trouvaient plus attrayants. Comme expérience, des photos de torses d’hommes ont été montrés aux volontaires, et ces derniers avaient à les classer selon leur cote de beauté. (On n’y voyait aucun visage.) Ce qu’on n’a pas dit aux participants est que certains torses ont paru deux fois, une fois à l’état naturel et une fois après avoir été complètement rasés. Mais tous les torses rasés ont été classés dans la moitié supérieure du classement, tandis que les plus poilus se trouvaient dans la moitié inférieure. Lorsqu'on leur a demandé de commenter, les femmes ont manifesté une préférence pour les torses peu ou pas velus.
Mais les scientifiques affirment que la sélection sexuelle ne peut pas être la seule explication. Il y a environ six millions d’années vivait un ancêtre commun à l'humanité et à nos plus proches parents toujours vivants, les chimpanzés. Or, les chimpanzés ont conservé leur fourrure, ce qui indique que l'ancêtre commun devait également être un animal à fourrure. Nos premiers ancêtres auraient cherché à s'accoupler avec des partenaires à la fourrure épaisse et brillante, et n’auraient jamais choisi des partenaires atteints de calvitie. C’est la stratégie choisie par l'évolution afin d'éliminer les faiblesses et les maladies. Avant que les humains ne se mettent à préférer une peau moins velue, il aurait fallu que l’absence de pelage procure un avantage.
Pour montrer ce que serait cet avantage, deux des volontaires sont placés dans une salle où ils sont soumis à la chaleur intense chaleur de radiateurs industriels. Un des volontaires est nu tandis que l'autre porte des vêtements amples. Au départ, le volontaire vêtu a l’avantage puisque ses vêtements le protègent de la chaleur intense et garde plus frais les parties couvertes. C'est ce que fait la fourrure pour protéger le corps contre la chaleur du soleil.
Toutefois, les deux se mettent bientôt transpirer abondamment. Celui qui est vêtu transpire autant que celui qui est nu, mais ses vêtements absorbent la sueur. L’effet de l’air sur le corps vêtu est considérablement réduit, ce qui nuit à l’évaporation de la sueur. En cela, les vêtements imitent encore ce ferait la fourrure. L’homme nu retient moins de chaleur parce que la sueur s’évapore plus facilement.
Les êtres humains ont le plus grand nombre de glandes sudoripares de tout animal et peuvent produire près d'un litre de sueur par heure. La surface de notre corps est un système de refroidissement à haut rendement. Aucun autre animal n’a développé un système de refroidissement aussi efficace. En quoi cela nous aurait-il été nécessaire ou bénéfique?
Une des chercheures, Nina Jablonski, professeure à l’Université Penn State, présente le cas du patas (ou singe rouge), qui vit dans la savane africaine. Il vit dans des environnements ouverts, tout comme les ancêtres de l'humanité. Son corps a également des proportions semblables aux corps de nos ancêtres, y compris les membres longs qui permettent de couvrir de grandes distances. Le territoire qu’il occupe est le plus vaste de tous les primates.
Comme les autres primates, le patas est recouvert de poils. Contrairement aux autres primates, ses poils sont fins et drus, et il sue abondamment. Son évolution pourrait fort bien suivre la nôtre. Malgré la fourrure plus fine et ses glandes sudoripares plus productives, le patas ne sera probablement jamais aussi dénudé que nous. Le singe marche à quatre pattes, ce qui expose une trop grande partie de son corps au soleil.
Nos ancêtres qui avaient moins de cheveux et des glandes sudoripares plus productives ont eu un avantage par rapport aux autres. Au cours des générations, le seul endroit où les cheveux ont été conservés à des fins de protection est sur la tête, soit la partie du corps la plus directement exposée au soleil. (Nous discuterons des poils des aisselles et pubiens dans un autre article.) Grâce à son système de refroidissement efficace, l’humain est devenu le premier primate capable d'exploiter les ressources de la savane.
En résumé, les chercheurs nous disent que l’absence de pelage chez l’humain s’explique par trois choses :
1) à un certain point, nos ancêtres se sont mis à se tenir debout pour se rendre d'un endroit à un autre;
2) ils sont devenus très actifs en parcourant de grandes distances dans la savane;
3) ils se sont mis à transpirer abondamment.
En somme, l'humain s’est trouvé une meilleure façon de contrôler la chaleur du corps et la fourrure est devenue redondante.
Le documentaire indique également que le cerveau humain produit constamment environ 20 watts de chaleur. Cela peut paraître bien peu, mais placez une ampoule de 20 watts dans une boîte de la taille d'un crâne, puis fermez-la et vous verrez qu’elle surchauffera très rapidement.
Il suffit que le cerveau se surchauffe un tout petit peu pour que son fonctionnement se détériore, et une petite quantité de plus peut causer la mort. En plus de protéger les cerveaux de nos ancêtres plus primitifs, le système de refroidissement efficace de l'humain a permis au cerveau de gagner du volume au fil du temps. Sans un système de refroidissement à haut rendement, l’humain n’aurait jamais pu développer un cerveau aussi volumineux, ni l'intelligence qui l'accompagne.
Tous les autres primates et la plupart des mammifères sont couverts de fourrure. La fourrure offre une protection contre l'eau, le froid et le soleil. Il s’agit d’une des plus grandes réalisations de l’évolution des mammifères. Pourquoi l’espèce humaine a-t-elle perdu ce qui a pris des millions d’années à acquérir?
Selon une théorie défendue par Charles Darwin, nos ancêtres préféraient des partenaires sexuels moins poilus et les trouvaient plus attrayants. Comme expérience, des photos de torses d’hommes ont été montrés aux volontaires, et ces derniers avaient à les classer selon leur cote de beauté. (On n’y voyait aucun visage.) Ce qu’on n’a pas dit aux participants est que certains torses ont paru deux fois, une fois à l’état naturel et une fois après avoir été complètement rasés. Mais tous les torses rasés ont été classés dans la moitié supérieure du classement, tandis que les plus poilus se trouvaient dans la moitié inférieure. Lorsqu'on leur a demandé de commenter, les femmes ont manifesté une préférence pour les torses peu ou pas velus.
Mais les scientifiques affirment que la sélection sexuelle ne peut pas être la seule explication. Il y a environ six millions d’années vivait un ancêtre commun à l'humanité et à nos plus proches parents toujours vivants, les chimpanzés. Or, les chimpanzés ont conservé leur fourrure, ce qui indique que l'ancêtre commun devait également être un animal à fourrure. Nos premiers ancêtres auraient cherché à s'accoupler avec des partenaires à la fourrure épaisse et brillante, et n’auraient jamais choisi des partenaires atteints de calvitie. C’est la stratégie choisie par l'évolution afin d'éliminer les faiblesses et les maladies. Avant que les humains ne se mettent à préférer une peau moins velue, il aurait fallu que l’absence de pelage procure un avantage.
Pour montrer ce que serait cet avantage, deux des volontaires sont placés dans une salle où ils sont soumis à la chaleur intense chaleur de radiateurs industriels. Un des volontaires est nu tandis que l'autre porte des vêtements amples. Au départ, le volontaire vêtu a l’avantage puisque ses vêtements le protègent de la chaleur intense et garde plus frais les parties couvertes. C'est ce que fait la fourrure pour protéger le corps contre la chaleur du soleil.
Toutefois, les deux se mettent bientôt transpirer abondamment. Celui qui est vêtu transpire autant que celui qui est nu, mais ses vêtements absorbent la sueur. L’effet de l’air sur le corps vêtu est considérablement réduit, ce qui nuit à l’évaporation de la sueur. En cela, les vêtements imitent encore ce ferait la fourrure. L’homme nu retient moins de chaleur parce que la sueur s’évapore plus facilement.
Les êtres humains ont le plus grand nombre de glandes sudoripares de tout animal et peuvent produire près d'un litre de sueur par heure. La surface de notre corps est un système de refroidissement à haut rendement. Aucun autre animal n’a développé un système de refroidissement aussi efficace. En quoi cela nous aurait-il été nécessaire ou bénéfique?
Une des chercheures, Nina Jablonski, professeure à l’Université Penn State, présente le cas du patas (ou singe rouge), qui vit dans la savane africaine. Il vit dans des environnements ouverts, tout comme les ancêtres de l'humanité. Son corps a également des proportions semblables aux corps de nos ancêtres, y compris les membres longs qui permettent de couvrir de grandes distances. Le territoire qu’il occupe est le plus vaste de tous les primates.
Comme les autres primates, le patas est recouvert de poils. Contrairement aux autres primates, ses poils sont fins et drus, et il sue abondamment. Son évolution pourrait fort bien suivre la nôtre. Malgré la fourrure plus fine et ses glandes sudoripares plus productives, le patas ne sera probablement jamais aussi dénudé que nous. Le singe marche à quatre pattes, ce qui expose une trop grande partie de son corps au soleil.
Nos ancêtres qui avaient moins de cheveux et des glandes sudoripares plus productives ont eu un avantage par rapport aux autres. Au cours des générations, le seul endroit où les cheveux ont été conservés à des fins de protection est sur la tête, soit la partie du corps la plus directement exposée au soleil. (Nous discuterons des poils des aisselles et pubiens dans un autre article.) Grâce à son système de refroidissement efficace, l’humain est devenu le premier primate capable d'exploiter les ressources de la savane.
En résumé, les chercheurs nous disent que l’absence de pelage chez l’humain s’explique par trois choses :
1) à un certain point, nos ancêtres se sont mis à se tenir debout pour se rendre d'un endroit à un autre;
2) ils sont devenus très actifs en parcourant de grandes distances dans la savane;
3) ils se sont mis à transpirer abondamment.
En somme, l'humain s’est trouvé une meilleure façon de contrôler la chaleur du corps et la fourrure est devenue redondante.
Le documentaire indique également que le cerveau humain produit constamment environ 20 watts de chaleur. Cela peut paraître bien peu, mais placez une ampoule de 20 watts dans une boîte de la taille d'un crâne, puis fermez-la et vous verrez qu’elle surchauffera très rapidement.
Il suffit que le cerveau se surchauffe un tout petit peu pour que son fonctionnement se détériore, et une petite quantité de plus peut causer la mort. En plus de protéger les cerveaux de nos ancêtres plus primitifs, le système de refroidissement efficace de l'humain a permis au cerveau de gagner du volume au fil du temps. Sans un système de refroidissement à haut rendement, l’humain n’aurait jamais pu développer un cerveau aussi volumineux, ni l'intelligence qui l'accompagne.
Les poux, c’est aussi ça la vie
Cet article est le deuxième d’une série portant sur la vidéo What’s The Problem With Nudity?
Rappelons que j’ai appris l’existence de cette vidéo après avoir d’abord lu et écrit à propos d’un article paru dans le numéro de février 2010 de Scientific American (voir mon résumé). Les calculs des périodes de temps ont donné des résultats dans la vidéo qui diffèrent un peu de ce que l’on trouve dans l’article de Scientific American, mais ils sont tout de même assez semblables.
L'opinion qui prévaut parmi les experts est que l'humain et le chimpanzé descendent d'un même ancêtre. Les deux espèces ont divergé il y a environ six millions d'années. Étant donné que les chimpanzés ont encore aujourd'hui de la fourrure, l’ancêtre commun du chimpanzé et de l’humain doit avoir eu de la fourrure aussi.
Quelle espèce humaine a été la première à ne pas être couverte de fourrure? Notre espèce n’existe que depuis environ un quart de million d'années. Étions-nous les premiers humains complètement nus? Ou doit-on remonter plus loin pour trouver la première espèce humaine sans fourrure?
La peau n'est pas conservée dans les fossiles. Les indices doivent être trouvés ailleurs. Certains ont décidé de chercher les réponses en examinant les poux. Les poux dans nos têtes se trouvaient jadis sur tout le corps. Lorsque les cheveux du reste du corps ont disparu, les poux sont restés dans nos têtes, le seul habitat qui leur était encore propice. Les tests d'ADN révèlent que les poux de l'humain et du chimpanzé ont divergé à peu près en même temps que les humains et les chimpanzés.
Mais les humains sont plutôt uniques dans le monde animal puisqu’ils ont trois types de poux. En plus des poux de tête, nous avons les poux du pubis et les poux de corps, c’est-à-dire, les poux des vêtements.
Le pou du pubis, ou morpion, est de forme et de taille différentes du pou de tête. Il s’est adapté à pouvoir s’accrocher à des poils plus larges et plus espacés. Les tests d’ADN montrent que son plus proche parent vivant est le pou du gorille. Comment les humains ont-ils acquis le pou du gorille? Pour l'instant, il est difficile de répondre à cette question. Nous savons, cependant, que les poux sont habituellement transmis par contact physique.
Quoi qu’il en soit, le pou du gorille ne pourrait pas survivre sur l’être humain avant que l’humain ne puisse lui offrir un habitat convenable. Il a donc fallu d’abord que nous perdions nos poils et nous ayons ensuite des poils qui puissent convenir aux poux du gorille. Bien sûr, le pou du gorille qui s’est transmis à l’humain a depuis évolué pour devenir ce que nous appelons le pou du pubis.
Selon les tests d’ADN, la transmission du pou du gorille à l’humain s’est produite il y a environ trois millions d'années. C’était bien avant l’avènement de l’humain moderne, qui n’existe que depuis environ un quart de million d'années. En fait, cela indique que la nudité complète remonte jusqu’au temps de l’australopithèque. Depuis, tous les descendants ont la peau nue.
Le pou de corps, qui vit dans les vêtements, est un descendant direct du pou de tête. Comme le pou du pubis, le pou de corps ne pouvait s’adapter à cet habitat que lorsque l’habitat est apparu. En d'autres termes, le pou de corps est né lorsque les vêtements ont été inventés et utilisés. La divergence s'est produite il y a environ 650 000 ans. C’est à ce moment que l’humain s’est mis à s’habiller régulièrement. Cela signifie que les ancêtres des humains d’aujourd’hui ont vécu sans vêtements et sans fourrure pendant près de deux millions d'années.
Rappelons que j’ai appris l’existence de cette vidéo après avoir d’abord lu et écrit à propos d’un article paru dans le numéro de février 2010 de Scientific American (voir mon résumé). Les calculs des périodes de temps ont donné des résultats dans la vidéo qui diffèrent un peu de ce que l’on trouve dans l’article de Scientific American, mais ils sont tout de même assez semblables.
L'opinion qui prévaut parmi les experts est que l'humain et le chimpanzé descendent d'un même ancêtre. Les deux espèces ont divergé il y a environ six millions d'années. Étant donné que les chimpanzés ont encore aujourd'hui de la fourrure, l’ancêtre commun du chimpanzé et de l’humain doit avoir eu de la fourrure aussi.
Quelle espèce humaine a été la première à ne pas être couverte de fourrure? Notre espèce n’existe que depuis environ un quart de million d'années. Étions-nous les premiers humains complètement nus? Ou doit-on remonter plus loin pour trouver la première espèce humaine sans fourrure?
La peau n'est pas conservée dans les fossiles. Les indices doivent être trouvés ailleurs. Certains ont décidé de chercher les réponses en examinant les poux. Les poux dans nos têtes se trouvaient jadis sur tout le corps. Lorsque les cheveux du reste du corps ont disparu, les poux sont restés dans nos têtes, le seul habitat qui leur était encore propice. Les tests d'ADN révèlent que les poux de l'humain et du chimpanzé ont divergé à peu près en même temps que les humains et les chimpanzés.
Mais les humains sont plutôt uniques dans le monde animal puisqu’ils ont trois types de poux. En plus des poux de tête, nous avons les poux du pubis et les poux de corps, c’est-à-dire, les poux des vêtements.
Le pou du pubis, ou morpion, est de forme et de taille différentes du pou de tête. Il s’est adapté à pouvoir s’accrocher à des poils plus larges et plus espacés. Les tests d’ADN montrent que son plus proche parent vivant est le pou du gorille. Comment les humains ont-ils acquis le pou du gorille? Pour l'instant, il est difficile de répondre à cette question. Nous savons, cependant, que les poux sont habituellement transmis par contact physique.
Quoi qu’il en soit, le pou du gorille ne pourrait pas survivre sur l’être humain avant que l’humain ne puisse lui offrir un habitat convenable. Il a donc fallu d’abord que nous perdions nos poils et nous ayons ensuite des poils qui puissent convenir aux poux du gorille. Bien sûr, le pou du gorille qui s’est transmis à l’humain a depuis évolué pour devenir ce que nous appelons le pou du pubis.
Selon les tests d’ADN, la transmission du pou du gorille à l’humain s’est produite il y a environ trois millions d'années. C’était bien avant l’avènement de l’humain moderne, qui n’existe que depuis environ un quart de million d'années. En fait, cela indique que la nudité complète remonte jusqu’au temps de l’australopithèque. Depuis, tous les descendants ont la peau nue.
Le pou de corps, qui vit dans les vêtements, est un descendant direct du pou de tête. Comme le pou du pubis, le pou de corps ne pouvait s’adapter à cet habitat que lorsque l’habitat est apparu. En d'autres termes, le pou de corps est né lorsque les vêtements ont été inventés et utilisés. La divergence s'est produite il y a environ 650 000 ans. C’est à ce moment que l’humain s’est mis à s’habiller régulièrement. Cela signifie que les ancêtres des humains d’aujourd’hui ont vécu sans vêtements et sans fourrure pendant près de deux millions d'années.
Se grouiller le cul
Cet article est le troisième d’une série portant sur la vidéo What’s The Problem With Nudity?
Les vêtements ont commencé à façonner nos cultures et identités à partir du moment où nous avons commencé à nous en servir pour couvrir notre nudité. Mais cela a donné lieu à un problème qui est particulier à l’être humain. Tous les éléments importants pour l'attraction sexuelle entre primates d’une même espèce seraient cachés chez l’humain par les vêtements.
Chez d'autres primates, la femelle signale sa fertilité et sa volonté de s'accoupler en affichant des signes visuels évidents sur son postérieur. Chez l’humain, les vêtements cacheraient ce genre de signes, s’ils servaient encore. Même les femmes qui restent nues aujourd'hui n’affichent pas leur fertilité de cette façon.
La Dre Kerri Johnson, chercheure à l'Université de la Californie à Los Angeles, a créé un test pour voir comment nous pouvons distinguer les hommes des femmes malgré les vêtements qui dissimule les signes évidents comme les organes génitaux et les seins. Premièrement, elle a noté que la femme a généralement une forme de sablier, tandis que l’homme a une forme plutôt tubulaire. Le rapport entre la taille et les hanches est un autre élément pris en compte. Aussi, les femmes ont une démarche selon laquelle les hanches ont un roulement latéral vers l’avant et l’arrière, et aussi un peu vers le haut et le bas. Les hommes ont une démarche crâneuse au niveau des épaules.
L’ordinateur présente à l’écran des silhouettes qui marchent. Les silhouettes ne sont ni vraiment habillées ni nues. Des volontaires sont invités à déterminer si les silhouettes sont de sexe masculin ou féminin. Il n’existait aucune réponse dite « correcte ». Le but était de voir quelles parties des corps des silhouettes étaient observées par les volontaires pour déterminer leur sexe, et ce à l’aide de lunettes spéciales leur permettant de percevoir les mouvements des yeux des participants.
Il a été découvert que les personnes des deux sexes laissaient promener leur regard un peu partout sur le torse supérieur jusqu’aux hanches, et l’on semblait évaluer le rapport entre la taille et les hanches et la façon dont les silhouettes se déplaçaient. (On a tenté un même genre de test avec deux des participants du documentaire, une femme et un homme. Au lieu d’utiliser des silhouettes sur ordinateur, on leur faisait regarder d’autres participants, parfois en mouvement, parfois immobiles. La femme a permis à son regard de se déplacer librement afin de percevoir des indications partout à partir des épaules jusqu’aux hanches. Mais l'homme, craignant peut-être la façon dont les résultats pourraient être interprétés, a fixé son regard sur les visages des gens.)
Les chercheurs se sont aussi penchés sur la façon dont les hommes pourraient détecter la fertilité chez les femmes. Personne ne le sait vraiment pour le moment, mais différentes études laissent croire qu’il y aurait en quelque sorte un sixième sens qui permet aux hommes, même des étrangers, de détecter inconsciemment des indices de fécondité et d'ovulation. La Dre Johnson fait savoir que selon une étude, les danseuses exotiques recevaient des pourboires plus généreux lors des jours de plus grande fécondité. Une possibilité serait les changements de l’odeur corporelle chez les femmes, ce qui les ferait paraître plus attrayantes pendant les jours de grande fécondité.
Cet indice concernant l’odeur corporelle nous ramène à la question laissée en suspens dans le premier article de la série : Pourquoi avons-nous encore des poils pubiens? L’on croit que ces poils servent à la communication par l’odeur. Les bactéries dans les poils pubiens se nourrissent d’hormones dans la sueur, ce qui provoque des odeurs pouvant causer ou augmenter l’attraction entre les amoureux. Si les renseignements du documentaire sont exacts, les poils du pubis sont devenus l’arme secrète de l'attraction sexuelle chez l’humain.
Le documentaire ne dit pas explicitement pourquoi nous avons des cheveux dans les aisselles. Bien qu'ils puissent jouer un rôle comparable à celui des poils pubiens dans l'attraction sexuelle, il est possible aussi que les poils ne servent qu’à réagir avec la sueur et faire en sorte que le point de rencontre entre le bras et l’épaule demeure lubrifié. Les poils pubiens joueraient un rôle semblable pour les membres inférieurs.
Les vêtements ont commencé à façonner nos cultures et identités à partir du moment où nous avons commencé à nous en servir pour couvrir notre nudité. Mais cela a donné lieu à un problème qui est particulier à l’être humain. Tous les éléments importants pour l'attraction sexuelle entre primates d’une même espèce seraient cachés chez l’humain par les vêtements.
Chez d'autres primates, la femelle signale sa fertilité et sa volonté de s'accoupler en affichant des signes visuels évidents sur son postérieur. Chez l’humain, les vêtements cacheraient ce genre de signes, s’ils servaient encore. Même les femmes qui restent nues aujourd'hui n’affichent pas leur fertilité de cette façon.
La Dre Kerri Johnson, chercheure à l'Université de la Californie à Los Angeles, a créé un test pour voir comment nous pouvons distinguer les hommes des femmes malgré les vêtements qui dissimule les signes évidents comme les organes génitaux et les seins. Premièrement, elle a noté que la femme a généralement une forme de sablier, tandis que l’homme a une forme plutôt tubulaire. Le rapport entre la taille et les hanches est un autre élément pris en compte. Aussi, les femmes ont une démarche selon laquelle les hanches ont un roulement latéral vers l’avant et l’arrière, et aussi un peu vers le haut et le bas. Les hommes ont une démarche crâneuse au niveau des épaules.
L’ordinateur présente à l’écran des silhouettes qui marchent. Les silhouettes ne sont ni vraiment habillées ni nues. Des volontaires sont invités à déterminer si les silhouettes sont de sexe masculin ou féminin. Il n’existait aucune réponse dite « correcte ». Le but était de voir quelles parties des corps des silhouettes étaient observées par les volontaires pour déterminer leur sexe, et ce à l’aide de lunettes spéciales leur permettant de percevoir les mouvements des yeux des participants.
Il a été découvert que les personnes des deux sexes laissaient promener leur regard un peu partout sur le torse supérieur jusqu’aux hanches, et l’on semblait évaluer le rapport entre la taille et les hanches et la façon dont les silhouettes se déplaçaient. (On a tenté un même genre de test avec deux des participants du documentaire, une femme et un homme. Au lieu d’utiliser des silhouettes sur ordinateur, on leur faisait regarder d’autres participants, parfois en mouvement, parfois immobiles. La femme a permis à son regard de se déplacer librement afin de percevoir des indications partout à partir des épaules jusqu’aux hanches. Mais l'homme, craignant peut-être la façon dont les résultats pourraient être interprétés, a fixé son regard sur les visages des gens.)
Les chercheurs se sont aussi penchés sur la façon dont les hommes pourraient détecter la fertilité chez les femmes. Personne ne le sait vraiment pour le moment, mais différentes études laissent croire qu’il y aurait en quelque sorte un sixième sens qui permet aux hommes, même des étrangers, de détecter inconsciemment des indices de fécondité et d'ovulation. La Dre Johnson fait savoir que selon une étude, les danseuses exotiques recevaient des pourboires plus généreux lors des jours de plus grande fécondité. Une possibilité serait les changements de l’odeur corporelle chez les femmes, ce qui les ferait paraître plus attrayantes pendant les jours de grande fécondité.
Cet indice concernant l’odeur corporelle nous ramène à la question laissée en suspens dans le premier article de la série : Pourquoi avons-nous encore des poils pubiens? L’on croit que ces poils servent à la communication par l’odeur. Les bactéries dans les poils pubiens se nourrissent d’hormones dans la sueur, ce qui provoque des odeurs pouvant causer ou augmenter l’attraction entre les amoureux. Si les renseignements du documentaire sont exacts, les poils du pubis sont devenus l’arme secrète de l'attraction sexuelle chez l’humain.
Le documentaire ne dit pas explicitement pourquoi nous avons des cheveux dans les aisselles. Bien qu'ils puissent jouer un rôle comparable à celui des poils pubiens dans l'attraction sexuelle, il est possible aussi que les poils ne servent qu’à réagir avec la sueur et faire en sorte que le point de rencontre entre le bras et l’épaule demeure lubrifié. Les poils pubiens joueraient un rôle semblable pour les membres inférieurs.
Nudité, sexe, honte et pudeur
Voici mon quatrième article portant sur le documentaire intitulé What’s The Problem With Nudity?
J’ai trouvé plus difficile d’accepter les conclusions présentées dans cette partie. À mon avis, le sexe n’égale pas la nudité, et la croyance qu’il existe un lien entre les deux est une croyance apprise, et non innée. Mais le documentaire fait plutôt écho de l'avis général des masses voulant que la nudité soit associée à la sexualité, et qu'être déshabillé est, semble-t-il, presque l’équivalent d’une rencontre sexuelle pour les textiles. Malgré toutes leurs bonnes intentions, les volontaires ne pouvaient échapper, du moins au début, à l'intense émotion provoquée par le simple fait de ne pas être vêtu.
Y a-t-il une raison pour ces émotions, du moins pour ceux qui associent la nudité au sexe? Dan Fessler, professeur à l’Université de la Californie à Los Angeles croit que oui.
Selon M. Fessler, un cas « mineur » de nudité fait en sorte que l’on ressent de la gêne. Mais s’il s’agit d’une exposition grossière, le mécanisme de honte se met en marche, et M. Fessler croit qu’il s’agit d’un mécanisme d’auto-défense. Lorsque le comportement d’une personne dépasse les limites de la pudeur et que d’autres ont découvert qu’elle a violé ces limites, elle ressentira une grande honte qui sera perceptible par les autres. Cette honte signale que la personne qui a enfreint la règle reconnaît qu’elle a mal agi et demande de ne pas être punie pour ce manquement.
Tous les êtres humains ont une certaine pudeur, même dans les cultures où la nudité est la norme. M. Fessler estime que cela pourrait être une conséquence de notre cerveau très développé. Le cerveau du nouveau-né n'est pas complètement développé. Malgré les progrès rapides au cours de la première année de croissance, un enfant reste dépendant pendant un certain nombre d'années. Comme ces enfants ont besoin de soins, la stratégie d'accouplement en est un où un couple s’unit pour la vie (théoriquement) afin de voir au bien-être des enfants.
Mais les humains ont un caractère plus social que le primate moyen. Nous vivons au sein de grandes populations et nous avons à coopérer avec de nombreuses personnes. La tentation est plus ou moins constante de tromper un partenaire, et ce pour les deux sexes. Le documentaire laisse entendre que la honte qui pourrait résulter de se trouver nu décourage la plupart des gens de violer les lois sociales.
Selon les auteurs du documentaire, le corps humain est une publicité sexuelle très forte. Afficher le corps nu peut envoyer un message dangereux, nous dit-on. La nudité serait une menace pour le contrat social de base, une invitation à la défection. Exposer sa personne, son corps et sa personnalité sexuelle, de sorte qu’un comportement sexuel interdit en résulte peut perturber le tissu social. Par conséquent, la honte de la nudité nous encourage à rester fidèle à notre partenaire et à faire notre part pour élever les enfants.
Toutefois, un exercice entrepris par les volontaires du documentaire montre un autre aspect. À un certain moment, quatre des huit participants, dans la même salle et à la vue de tous, devaient déshabiller un des quatre autres. Ensuite, on leur a donné de la peinture verte, jaune et rouge. Ils avaient à peindre les parties du corps de leur vis-à-vis de sorte à identifier les parties qu’il était acceptable de toucher (en vert), les parties douteuses (en jaunes) et les parties interdites (en rouge). On s’attendait qu’il y ait une assez grande quantité de jaune et de rouge. Mais après cette deuxième journée de nudité décontractée, le vert était abondant, même dans les régions génitales. Après tout ce temps passé ensemble où au moins quelques-uns étaient nus, les participants étaient généralement à l’aise avec la nudité. Ils ne l’étaient pas tous au même degré, mais il y avait quand même eu un changement dans leurs perceptions.
Des images de la dernière journée de tournage nous montraient ces volontaires complètement nus et entièrement à l’aise pendant qu’ils participaient à un vin et fromage. Leurs attitudes et leurs inhibitions avaient changé. Cela montre que nous ne sommes pas nés avec la pudeur. Nous sommes donc libres de déplacer les limites de ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Tant que tout le monde est d'accord, nous pouvons élaborer de nouvelles règles et éviter le risque de commettre une infraction, « comme dans un centre naturiste », pour reprendre leur expression.
Dans la maison où l'expérience a été filmée, après deux jours de nudité en présence des uns et des autres, les volontaires avaient créé leurs propres règles. Et selon leurs règles, la nudité était généralement acceptable.
J’ai trouvé plus difficile d’accepter les conclusions présentées dans cette partie. À mon avis, le sexe n’égale pas la nudité, et la croyance qu’il existe un lien entre les deux est une croyance apprise, et non innée. Mais le documentaire fait plutôt écho de l'avis général des masses voulant que la nudité soit associée à la sexualité, et qu'être déshabillé est, semble-t-il, presque l’équivalent d’une rencontre sexuelle pour les textiles. Malgré toutes leurs bonnes intentions, les volontaires ne pouvaient échapper, du moins au début, à l'intense émotion provoquée par le simple fait de ne pas être vêtu.
Y a-t-il une raison pour ces émotions, du moins pour ceux qui associent la nudité au sexe? Dan Fessler, professeur à l’Université de la Californie à Los Angeles croit que oui.
Selon M. Fessler, un cas « mineur » de nudité fait en sorte que l’on ressent de la gêne. Mais s’il s’agit d’une exposition grossière, le mécanisme de honte se met en marche, et M. Fessler croit qu’il s’agit d’un mécanisme d’auto-défense. Lorsque le comportement d’une personne dépasse les limites de la pudeur et que d’autres ont découvert qu’elle a violé ces limites, elle ressentira une grande honte qui sera perceptible par les autres. Cette honte signale que la personne qui a enfreint la règle reconnaît qu’elle a mal agi et demande de ne pas être punie pour ce manquement.
Tous les êtres humains ont une certaine pudeur, même dans les cultures où la nudité est la norme. M. Fessler estime que cela pourrait être une conséquence de notre cerveau très développé. Le cerveau du nouveau-né n'est pas complètement développé. Malgré les progrès rapides au cours de la première année de croissance, un enfant reste dépendant pendant un certain nombre d'années. Comme ces enfants ont besoin de soins, la stratégie d'accouplement en est un où un couple s’unit pour la vie (théoriquement) afin de voir au bien-être des enfants.
Mais les humains ont un caractère plus social que le primate moyen. Nous vivons au sein de grandes populations et nous avons à coopérer avec de nombreuses personnes. La tentation est plus ou moins constante de tromper un partenaire, et ce pour les deux sexes. Le documentaire laisse entendre que la honte qui pourrait résulter de se trouver nu décourage la plupart des gens de violer les lois sociales.
Selon les auteurs du documentaire, le corps humain est une publicité sexuelle très forte. Afficher le corps nu peut envoyer un message dangereux, nous dit-on. La nudité serait une menace pour le contrat social de base, une invitation à la défection. Exposer sa personne, son corps et sa personnalité sexuelle, de sorte qu’un comportement sexuel interdit en résulte peut perturber le tissu social. Par conséquent, la honte de la nudité nous encourage à rester fidèle à notre partenaire et à faire notre part pour élever les enfants.
Toutefois, un exercice entrepris par les volontaires du documentaire montre un autre aspect. À un certain moment, quatre des huit participants, dans la même salle et à la vue de tous, devaient déshabiller un des quatre autres. Ensuite, on leur a donné de la peinture verte, jaune et rouge. Ils avaient à peindre les parties du corps de leur vis-à-vis de sorte à identifier les parties qu’il était acceptable de toucher (en vert), les parties douteuses (en jaunes) et les parties interdites (en rouge). On s’attendait qu’il y ait une assez grande quantité de jaune et de rouge. Mais après cette deuxième journée de nudité décontractée, le vert était abondant, même dans les régions génitales. Après tout ce temps passé ensemble où au moins quelques-uns étaient nus, les participants étaient généralement à l’aise avec la nudité. Ils ne l’étaient pas tous au même degré, mais il y avait quand même eu un changement dans leurs perceptions.
Des images de la dernière journée de tournage nous montraient ces volontaires complètement nus et entièrement à l’aise pendant qu’ils participaient à un vin et fromage. Leurs attitudes et leurs inhibitions avaient changé. Cela montre que nous ne sommes pas nés avec la pudeur. Nous sommes donc libres de déplacer les limites de ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Tant que tout le monde est d'accord, nous pouvons élaborer de nouvelles règles et éviter le risque de commettre une infraction, « comme dans un centre naturiste », pour reprendre leur expression.
Dans la maison où l'expérience a été filmée, après deux jours de nudité en présence des uns et des autres, les volontaires avaient créé leurs propres règles. Et selon leurs règles, la nudité était généralement acceptable.
lundi 1 mars 2010
Neutralité
Le Québec, une des provinces du Canada, a vécu une période pendant laquelle il s’est manifesté un certain mécontentement concernant l’accommodement raisonnable des différences culturelles dans la société québécoise. Certains Québécois « pure laine » avaient du mal à accepter que certaines personnes ne se conforment pas à ce qu'ils croyaient être un comportement québécois « normal ». En conséquence, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles a été formée en 2007, et le rapport final de la Commission a été rendu public le 22 mai 2008.
Voici une des recommandations énoncées dans un communiqué de presse : « Les coprésidents recommandent que le port de signes religieux soit interdit à ses représentants qui doivent incarner au plus haut point la neutralité de l’État et préserver l’apparence d’impartialité indispensable à leurs fonctions. Il s’agit des magistrats, des procureurs de la couronne, des policiers, des gardiens de prison et des président et vice-présidents de l’Assemblée nationale. Par contre, les enseignants, les fonctionnaires, les professionnels de la santé et tous les autres agents de l’État devraient pouvoir continuer à porter des signes religieux, comme c’est le cas actuellement. Toujours au nom du principe de la neutralité, le crucifix de l’Assemblée nationale et la récitation de la prière aux réunions des conseils municipaux ne devraient pas avoir leur place dans un État laïc. » (Source : Cliquer ici.)
Récemment, un des membres de la Commission, Charles Taylor, a été interviewé à l’émission Tout le monde en parle, à la télé de Radio-Canada. En répondant à différentes questions, il a réitéré ce que l’on peut lire dans le paragraphe ci-dessus, à savoir que la plupart des fonctionnaires devraient être autorisés à porter des symboles religieux ostentatoires, mais que le crucifix à l'Assemblée nationale (le nom de leur assemblée législative) devait être enlevé.
L’Assemblée nationale a déjà voté pour le maintien du crucifix pour des raisons « historiques ». Pendant la même émission, la chef d’un des partis de l'Opposition, Pauline Marois du Parti québécois, a défendu cette décision pour la même raison. D'autre part, elle voudrait également interdire le port de symboles religieux pour tous les fonctionnaires. Elle est particulièrement préoccupée par le port du voile par les femmes musulmanes, une pratique qu’elle qualifie de signe d’infériorité des femmes par rapport aux hommes.
J'ai tendance à privilégier la position de M. Taylor, surtout en ce qui concerne l'affichage du crucifix, mais je peux aussi comprendre les préoccupations de Mme Marois, surtout pour ce qui est d’un symbole qui semble aller à l'encontre du principe de l'égalité des sexes. En fait, cela me rappelle mon article du 22 décembre dernier, dans lequel j’avais publié la déclaration d’une femme, vraisemblablement musulmane, concernant le port du hijab : « Je crois que le hijab ou le niqab peut permettre aux femmes de se prendre en main. Puisque leurs cheveux et leurs corps sont couverts, on ne pourra pas les juger selon leur apparence physique. L’intelligence et la personnalité l’emporteront. »
En réaction à cela, un lecteur m’a écrit : « Mais pourquoi cette logique à propos de l'intelligence ne s'applique-t-elle pas aux hommes alors? En fait les puristes musulmans ne font que chercher des justifications, un point c'est tout. En bout de ligne c'est une question de contrôle et ça ne sera toujours que ça! »
Voilà un argument difficile à réfuter!
Voici une des recommandations énoncées dans un communiqué de presse : « Les coprésidents recommandent que le port de signes religieux soit interdit à ses représentants qui doivent incarner au plus haut point la neutralité de l’État et préserver l’apparence d’impartialité indispensable à leurs fonctions. Il s’agit des magistrats, des procureurs de la couronne, des policiers, des gardiens de prison et des président et vice-présidents de l’Assemblée nationale. Par contre, les enseignants, les fonctionnaires, les professionnels de la santé et tous les autres agents de l’État devraient pouvoir continuer à porter des signes religieux, comme c’est le cas actuellement. Toujours au nom du principe de la neutralité, le crucifix de l’Assemblée nationale et la récitation de la prière aux réunions des conseils municipaux ne devraient pas avoir leur place dans un État laïc. » (Source : Cliquer ici.)
Récemment, un des membres de la Commission, Charles Taylor, a été interviewé à l’émission Tout le monde en parle, à la télé de Radio-Canada. En répondant à différentes questions, il a réitéré ce que l’on peut lire dans le paragraphe ci-dessus, à savoir que la plupart des fonctionnaires devraient être autorisés à porter des symboles religieux ostentatoires, mais que le crucifix à l'Assemblée nationale (le nom de leur assemblée législative) devait être enlevé.
L’Assemblée nationale a déjà voté pour le maintien du crucifix pour des raisons « historiques ». Pendant la même émission, la chef d’un des partis de l'Opposition, Pauline Marois du Parti québécois, a défendu cette décision pour la même raison. D'autre part, elle voudrait également interdire le port de symboles religieux pour tous les fonctionnaires. Elle est particulièrement préoccupée par le port du voile par les femmes musulmanes, une pratique qu’elle qualifie de signe d’infériorité des femmes par rapport aux hommes.
J'ai tendance à privilégier la position de M. Taylor, surtout en ce qui concerne l'affichage du crucifix, mais je peux aussi comprendre les préoccupations de Mme Marois, surtout pour ce qui est d’un symbole qui semble aller à l'encontre du principe de l'égalité des sexes. En fait, cela me rappelle mon article du 22 décembre dernier, dans lequel j’avais publié la déclaration d’une femme, vraisemblablement musulmane, concernant le port du hijab : « Je crois que le hijab ou le niqab peut permettre aux femmes de se prendre en main. Puisque leurs cheveux et leurs corps sont couverts, on ne pourra pas les juger selon leur apparence physique. L’intelligence et la personnalité l’emporteront. »
En réaction à cela, un lecteur m’a écrit : « Mais pourquoi cette logique à propos de l'intelligence ne s'applique-t-elle pas aux hommes alors? En fait les puristes musulmans ne font que chercher des justifications, un point c'est tout. En bout de ligne c'est une question de contrôle et ça ne sera toujours que ça! »
Voilà un argument difficile à réfuter!
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