Plusieurs pays ont des lois différentes concernant le moment où un enfant peut être considéré assez mur pour consentir pleinement à des relations hétérosexuelles avec quelqu'un d'âge adulte. Autrefois au Canada, cela s'appliquait uniquement aux filles et l'âge choisi était de 16 ans. À partir de cet âge, elle pouvait donner son plein consentement et son partenaire ne risquait plus d'être accusé de « viol au sens de la loi ».
Plus tard, la loi a été modifiée de sorte qu'elle s'applique aux jeunes des deux sexes. Jusqu’en 2008, l’âge de consentement était fixé à 14 ans. Lorsque le Parti conservateur est arrivé au pouvoir avec son programme de répression du crime (littéralement, « ligne dure contre le crime »), l'âge minimal a été porté à 16 ans. C’était censé être un outil de plus pour lutter contre la pédophilie, que l’on présentait comme une véritable épidémie. (En passant, aucun jeune n’a le droit d’avoir des relations sexuelles anales avant l’âge de 18 ans.)
À l’époque de Women Against Censorship, publié en 1985, l’éditrice Varda Burstyn soulignait que les relations homosexuelles étaient interdites jusqu'à l'âge de 21 ans. Selon l'Encyclopédie canadienne, un acte homosexuel était passible de 14 ans de prison jusqu’à ce que la loi soit modifiée en 1969.
Lorsqu'il est question de sexualité, je souscris à la philosophie que toutes les lois doivent avoir une fin véritablement laïque. Alors, quand je vois des lois interdisant certains types d'activité sexuelle, ou toute activité sexuelle entre certains types de personnes, j'ai tendance à m’interroger sur l'intention du législateur au moment où les lois ont été adoptées. Le seul « tabou » auquel je souscris toujours sans broncher porte sur les relations sexuelles où un adulte pourrait exploiter une personne trop jeune ou qui, pour toute autre raison, n’a pas encore le atteint le stade de développement cognitif nécessaire pour vraiment consentir à l'activité sexuelle.
Il est normal que les adultes veuillent protéger leurs enfants contre tous les dangers, et il est naturel de vouloir compter sur l'application des lois et des sanctions juridiques à cet égard. Mais a-t-on prouvé que ces lois permettent d'atteindre l'objectif souhaité?
Lorsque les peines sont imposées, le premier objectif est de punir le coupable. Le deuxième objectif est de dissuader quiconque voudrait commettre un acte semblable, y compris le coupable une fois qu'il ou elle aura purgé sa peine. Est-ce vraiment si efficace?
La meilleure preuve de l’efficacité de cette loi serait la presque inexistence de ce genre de comportement. Mais la vie va autrement. Pendant des millénaires, les gens ont adoré d'autres dieux, ont fabriqué et adoré des idoles, ont pris le nom de certains dieux en vain, ont travaillé le jour de repos hebdomadaire, ont déshonoré leurs parents, ont tué, ont trompé leurs conjoints, ont dérobé, ont menti et ont convoité tout ce qui appartenait à leur voisins. Et cela se poursuivra. Les lois concernant l’âge de consentement ne font rien de plus que de faciliter la condamnation des « coupables ».
Si l'on devait vraiment s’intéresser à la protection des enfants, il y a de meilleures façons d’y voir et de meilleures façons d'investir l'argent des contribuables. Commençons par offrir non seulement une meilleure éducation sexuelle, mais aussi une meilleure éducation de la vie. Nos jeunes filles sortent de l'école secondaire avec des connaissances en trigonométrie, mais elles ne peuvent pas remplir une déclaration de revenus. Où est la logique? De même, quand il s'agit de sexualité, apprenons à nos enfants et adolescents des stratégies pour mieux dire non à ceux qui voudraient les exploiter. Après tout, à un moment donné, nous voudrons aussi qu’ils puissent dire oui à ceux qui les traitent convenablement.
Cela ne signifie pas que je m’oppose forcément aux lois sur l'âge de consentement. Mais Varda Burstyn, que j'ai précitée, s'y opposait en 1985 (je ne sais pas ce que serait son opinion aujourd'hui). Dans Women Against Censorship, elle écrit que ces lois avaient été adoptées à la fin du XIXe siècle, le prétexte étant de protéger les enfants des sévices sexuels. Mais les lois ont été inefficaces puisque la prostitution des enfants, les viols et les formes de coercition plus subtiles se sont poursuivis. Plutôt que de punir les vrais coupables, ces lois ont servi de moyen de répression sexuelle envers les garçons et les hommes homosexuels et les filles de la classe ouvrière « coupables » de promiscuité ou de précocité sexuelle. Burstyn voit même de l'injustice dans les relations non abusives entre des hommes, y compris de très jeunes hommes, et des filles qui n'ont pas atteint l'âge de consentement. Burstyn a fait valoir – et certainement m'a convaincu – que les objectifs de ces lois ne sont atteints, et que le lois font plus de mal que de bien à un trop grand nombre de personnes. Mme Burstyn, elle aussi, favorise une meilleure éducation en matière de sexualité et d'estime de soi. Elle ajoute que :
Les lois actuelles sur l’âge de consentement sont fondées sur l'hypothèse que les adolescents ne sont pas des êtres sexuels ayant le droit de vivre des expériences sexuelles avec d'autres. En fait, psychologiquement et émotionnellement, l'adolescence est un moment de pulsions sexuelles intenses, et beaucoup d'adolescents emploient des moyens déterminés afin de rencontrer des partenaires beaucoup plus âgés. En matière de politiques sociales régissant l'éducation, l’intervention de l'État et les peines juridiques, il est plus dangereux qu’utile d’entretenir des notions telles que le viol au sens de la loi ou les variations sur ce thème. (Page 177, ma traduction.)
Voir aussi L'âge de consentement aux activités sexuelles.
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