lundi 14 décembre 2009

Honni soit qui mal y pense

Il ya des endroits en Amérique du Nord, il y a quand même assez longtemps, où les jeunes francophones ont dû faire pipi dans leur pantalon parce qu'ils ne connaissaient pas assez l'anglais pour demander à l’enseignant la permission d’aller à la toilette. Il n'y a rien de mieux que la honte pour encourager l'assimilation à la culture majoritaire.

Les choses n'étaient pas aussi mauvaises au Québec puisque les Québécois étaient majoritaires, en nombre au moins. Mais ils n’étaient pas tout à fait maîtres chez eux. Les grandes entreprises fonctionnaient en anglais et toute personne, client ou employé, qui désirait traiter avec la compagnie devait le faire en anglais aussi. Avec le temps, cela a eu des répercussions sur le français parlé au Québec et sur l’estime de soi des Québécois eux-mêmes.

Quelqu'un a proposé une idée radicale: « La langue est un outil commun. Il devrait être géré par l'État. » Au Québec , ce qui s'y rapprochait le plus était le gouvernement provincial, mais ce dernier a fini par légiférer afin de faire du français la langue officielle de la province, de rendre prédominante la langue française sur tout genre d’affichage commercial, et d'obliger toutes les personnes qui déménagent au Québec d'inscrire leurs enfants dans les écoles françaises. Les services à la minorité anglaise seraient maintenus, et les parents qui avaient fréquenté l'école anglaise au Québec ou ailleurs au Canada pouvaient continuer à envoyer leurs enfants à l'école anglaise.

On peut toujours se demander si la loi allait trop loin ou si des abus ont été commis qui n’avaient jamais été prévus par la loi. Mais l'objectif a certainement été atteint. Les Québécois ont maintenant une grande estime de soi.

Ce n’est pas le cas au Nouveau-Brunswick. La population francophone acadienne oscille aux environs des 33 pour cent depuis un certain temps, et cela a permis aux Acadiens d’assumer un certain pouvoir politique. Le Nouveau-Brunswick est la seule province au Canada qui peut prétendre au moins aspirer à une véritable égalité des deux communautés linguistiques.

Pourtant, cette réalité semble échapper à certains. Plus tôt cette année, j'ai eu l'occasion de visiter une petite ville dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. La ville était définitivement française, et étant donné sa distance de Moncton, j’aurais cru que la question de la langue d’affichage ne poserait pas de problème. Pourtant, c’est en anglais seulement qu’on a pu lire les slogans des entreprises, les annonces de soldes dans les magasins et les « spéciaux » dans un restaurant local. Je dis bien : en anglais SEULEMENT!

Je crois à la libre entreprise je crois aussi à la liberté de choix. Mais lorsque l’affichage commercial dresse un tableau qui est contraire à l’allure réelle d’une collectivité, on peut se demander si cette collectivité aurait besoin qu’on lui administre une bonne dose d’amour-propre.

C'est dans cet esprit que j'ai appris qu’à Dieppe (N.-B.), on envisage l’adoption d’un arrêté municipal rendant obligatoire l'affichage commercial bilingue ou en français. Certains dénoncent cette initiative en disant que tout commerçant a le droit de faire des affaires dans la langue de son choix. Ce qu’on ne semble pas comprendre est que rien ne les empêche de conserver l’anglais dans leur affichage. Il suffit d’ajouter du français. Dans une collectivité à forte majorité francophone comme Dieppe, rien ne serait plus facile!

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