mardi 29 décembre 2009

Les étiquettes politiques

Traditionnellement, si l’on voulait décrire le penchant politique d’un parti, d’un mouvement ou d’un particulier, on essayait de lui trouver une place entre l’extrême gauche et l’extrême droite. On pouvait imaginer une droite qui représentait le continuum politique, comme dans l’illustration suivante :

Quand il est question de contrôler le comportement non-politique des individus, l’extrême gauche a tendance à vivre et laisser vivre tout en y incorporant une certaine « rectitude politique », tandis que l’extrême droite peut chercher à imposer une moralité pour contrer toute menace, par exemple, aux « valeurs familiales traditionnelles ». Le centre se situerait à quelque part entre les deux.

Pour les questions économiques, l’extrême gauche représente le communisme, tandis que l’extrême droite représente le capitalisme débridé. Le centre cherchera – on pourrait le croire – à rassembler les meilleurs éléments des deux extrêmes.

Le problème avec ce genre de description est qu’un grand nombre de personnes ne trouveront pas de place sur cette droite. Un sympathisant communiste pourrait quand même être contre la liberté de choix en matière de sexualité. Une personne qui croit fermement au régime de libre entreprise pourrait tout de même comprendre l’importance d’un programme universel pour payer les médicaments sur ordonnance.

Et que dire des dictatures? La plupart des régimes communistes étaient des dictatures, ce qui comprend notamment des personnalités comme Staline et Mao. À l'autre extrémité, il y a les fascistes, dont Hitler, Mussolini et Pinochet. Ces régimes étaient très différents du point de vue économique et du point de vue social, mais il s’agissait quand même de dictatures puisque les intérêts de l’état l’emportaient sur ceux de l’individu.

Mais si vous êtes comme moi, vous avez probablement un ensemble de points de vue de droite et de gauche, mais sans vraiment pouvoir vous placer à un endroit en particulier sur le continuum droite-gauche. Les Advocates for Self-Government (promoteurs de l’auto-gouvernance), bien que ce soit pour leurs propres desseins, ont mis au point un outil assez intéressant. Inspiré par un graphique inventé par un dénommé David Nolan, cet outil est un peu comme un graphique cartésien incliné à un angle de 45 degrés, donc en forme de losange. En voici une illustration :

Le côté des questions relevant de la liberté économique serait l’axe des « y », tandis que le côté des questions relevant de la liberté individuelle serait l’axe des « x ». Le point d’origine de chaque axe est zéro et les deux axes s’étendent sur 10 unités.

Sur le graphique, les termes libéral et conservateur peuvent représenter la gauche et la droite respectivement. Étatiste signifie une grande ingérence de la part de l’État. Libertarien signifie la plus grande liberté individuelle et d’entreprise possible, et le moins d’ingérence possible du gouvernement. Centriste regroupe des éléments des quatre autres groupes.

Un des axes sert à indiquer le pointage obtenu après avoir répondu aux questions relevant de la liberté économique. L’autre sert à indiquer le pointage pour les questions relevant de la liberté personnelle. Ces deux pointages deviennent les coordonnées d’un point sur le graphique. Selon la partie du graphique où se situe ce point, la personne est de prépondérance libérale, conservatrice, étatiste, centriste ou libertarienne.
L’outil est excellent. Le hic est qu’il faut choisir les bonnes questions et bien les poser. Les questions du quizz des Advocates for Self-Government laisseraient croire que tout le monde est libertarien. Après tout, on aimerait bien qu’il n’y ait plus de subventions aux entreprises, qu’il n’y ait plus de droits de douane pour les articles achetés hors du pays, qu’il n’y ait aucune censure des médias et d’Internet, que le service militaire soit entièrement volontaire et qu’aucune loi ne régisse les actes sexuels entre adultes consentants. Ce n’est qu’en explorant l’idée un peu plus loin que cette option politique risque de devenir moins intéressante.

Donc, si jamais l’on pouvait s’entendre sur de bonnes questions à poser, le graphique pourrait servir.

1 commentaire:

  1. Cette façon de voir les choses est intéressante. En tous cas elle ouvre la porte à un positionnement beaucoup plus représentatif de la réalité que la simple ligne droite qu’on tente constamment de nous imposer.
    Personnellement je crois que l’étiquetage politique devrait se comparer aux concepts de couleur et de noir et blanc : La conception traditionnelle de la droite et de la gauche se compare à du « noir et blanc ». Ainsi tout le monde devrait se situer à un niveau de gris quelconque sur cette échelle.
    Moi je préfère voir les choses en couleur, donc avec plus de perspective et en fonction de différents éclairages. Ceci fait en sorte que sur certaines questions je peux être très conservateur mais encore là, dépendamment de la particularité de la situation (de l’éclairage) mon conservatisme sera malléable. Même chose pour les situations où mes opinions sont plutôt libérales (la majorité, je dois l’admettre!)

    RépondreSupprimer