vendredi 31 décembre 2010

Préoccupé par l'enfouissement de livres

La lettre qui suit a paru en anglais dans l'édition du 27 août 2003, du Daily Gleaner de Fredericton. Voici ma traduction :

À la rédaction :

La véritable histoire du Canada devrait être enseignée à nos enfants. J'espère que quelqu'un de la profession d’enseignement saura répondre à cette lettre.

Quand j'ai demandé à ma petite-fille si l’on lui enseignait l'histoire, elle a dit oui. Je lui ai demandé, « Quelle histoire vous enseigne-t-on? » Elle a dit « Les Voyageurs ».

Je suis persuadé que le ministre de l'Éducation devrait s'abstenir d'imposer à nos enfants anglophones dans le système scolaire une fausse histoire réécrite. Le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse abondent d’histoire britannique. Ce sont les Anglais, et non les Français, qui se sont d'abord installés ici. On ne peut changer ce fait historique sans la fausser.

Les Français se sont installés à la baie d'Hudson et dans la région Saint-Laurent. Il reste que je suis préoccupé par la destruction de notre histoire britannique au Canada, et surtout aux Maritimes.

Un opérateur d'équipement lourd devait démolir un bâtiment à Weymouth (N.-É.). Il a remarqué qu’il y avait un tas de livres qui devaient être enfouis avec le bâtiment. Il les a examinés et il a gardé très beau livre sur l'histoire de la Guerre de Sept ans au Canada, de 1756 à 1763.

Il m’a prêté ce livre et je l'ai lu. Il vaut son pesant d'or. Pourquoi vouloir détruire ce livre? Combien d’autres livres de ce genre sont détruits pour des raisons sinistres?

C’est signé Melvin A. Smith, de Fredericton.

Normalement, je m’élèverais contre toute destruction de livres. Mais si ce que M. Smith rapporte est vraiment ce que l’on trouve dans ces livres, il aurait peut-être été préférable qu’ils soient enterrés.

Cependant, je crois que M. Smith peut même avoir toujours cru que les Britanniques étaient arrivés avant les Acadiens, et ces livres n’ont rien fait d’autre que de confirmer dans son esprit une fausseté à laquelle il a toujours cru. À cet égard, toute personne qui prend le temps de se renseigner sur l'histoire des Maritimes, en particulier grâce aux ouvrages plus récents et plus objectifs, verra bien que les Français s’étaient établis dans les Maritimes en même temps qu’ils colonisaient le Saint-Laurent.

Les Britanniques s’étaient aussi clairement établis aux Maritimes, mais seulement après que les Acadiens y aient été enlevés de force. En effet, la propagande de l'époque laissait croire aux colons britanniques que les Acadiens ont eu beaucoup de chance de trouve une terre aussi fertile que celle de la Nouvelle-Écosse d’aujourd’hui puisqu’ils travaillaient très peu la terre afin d’y gagner leur vie. Les Acadiens étaient « indolents », disait-on.

Les colons qui ont « remplacé » les Acadiens ont vite constaté que les Acadiens étaient loin d'être indolents. Une des stratégies agricoles des Acadiens consistait à arracher des terres des marais, de la mer et des rivières au moyen de digues appelés aboiteaux. C’est le limon déposé avant la construction des aboiteaux et lors des crues extrêmes qui rendait la terre si riche. Quand les aboiteaux se brisaient ou se défaisaient, les nouveaux colons venus de la Nouvelle-Angleterre ne savaient pas comment les réparer et ont fait appel aux autorités à Halifax afin qu’ils envoient des prisonniers acadiens afin de faire réparer les digues.

Ainsi, les Anglais ont eu beaucoup plus besoin des Acadiens qu’ils ne voulaient l'admettre. C’était le début d’une relation difficile entre les deux groupes.

jeudi 30 décembre 2010

Au nom de la liberté

Médecin : Comment avez-vous pu supprimer les pulsions sexuelles? Des drogues? Des lois punitives?

Premier ministre : Au début, un peu des deux. Maintenant, après 300 ans, nous trouvons le concept même de la reproduction sexuée plutôt répugnant.

De l'épisode « Up The Long Ladder », Star Trek, The Next Generation.

Une de nos amies les plus chères a récemment trouvé la religion. Le mormonisme, pour être plus exact. Alors qu'elle était encore assez favorable au concept de l'évolution des espèces, elle a trouvé un moyen d'intégrer Adam et Ève dans sa cosmologie et a également constaté une plus grande compréhension spirituelle depuis qu'elle a cessé, dit-elle, de « se toucher les parties intimes ».

Lorsque sexe et religion s’entrechoquent, de nombreux problèmes surgissent en raison de la honte et du secret qui entoure trop souvent la sexualité. Si je plaide souvent pour une plus grande liberté sexuelle, c’est que je me souviens encore de l’enfance que j’ai vécue sous l'œil vigilant de ma mère, une enfance pendant laquelle j’ai été témoin, et parfois touché, par ces nombreux problèmes. Ma mère était une catholique d’une grande réserve et dont les connaissances religieuses venaient parfois en conflit avec sa formation médicale en tant qu'infirmière. Je ne crois pas qu’elle ait résolu ces conflits. Elle y passait outre tout simplement.

Alors, quand j'ai atteint un certain âge et étant donné que je n’avais pas de père pour m’expliquer la reproduction humaine et les pulsions sexuelles qui m’envahissaient déjà, elle essayait souvent de me faire visiter un de mes oncles afin que ce dernier m’« éduque » à cet égard. Elle a été particulièrement heureuse lorsqu’une de mes tantes a épousé un médecin, car ce dernier saurait sûrement me guider. Je crois qu’elle n’a jamais compris que j'aurais préféré que ce soit elle qui me renseigne, même s’il fallait ensuite que je fouille dans ses manuels de médecine afin de compléter cette « éducation ». En fin de compte, je n’ai eu pour enseignant que les livres.

Je devais sans doute avoir tout cela à l’esprit quand ma femme et moi avons décidé d’avoir le plus d’ouverture possible à la maison afin que nos enfants n’aient pas à subir le même sort. Nous ne prenions pas la peine de nous cacher derrière des serviettes lorsque nous quittions la douche. Je n'ai certainement pas porté de vêtements très souvent, et ma femme, plus frileuse, faisait la même chose pendant les canicules. Ce n'était pas de l'éducation sexuelle en soi, mais cela menait à des discussions intéressantes, notamment sur des aspects de la sexualité. Et les films de la série Look Who's Talking (« Allo maman, ici bébé ») y ont certainement contribué quelque chose aussi.

Nous voulions notamment faire comprendre à quel point un grand nombre de personnes – mais surtout les femmes – ont été victimes des enseignements religieux contre la sexualité, et même contre l’acte tout à fait innocent de se masturber. Pendant longtemps, les mythes concernant la masturbation (cela rend aveugle, fou ou stupide, vous perdrez votre « meilleur sang », vous risquez d'endommager les organes génitaux, etc) ont semé la honte et ont assuré un contrôle des ouailles.

Pourtant, nous savons que la masturbation est une façon utile pour mieux comprendre son propre corps et ses réactions. En outre, Planned Parenthood affirme que la masturbation aide à se détendre et à éliminer le stress et la tension physique. L'orgasme peut atténuer tout naturellement la douleur, ce qui explique pourquoi un grand nombre de femmes se masturbent afin de soulager les crampes menstruelles. Chez les hommes, l'éjaculation fréquente peut réduire le risque d’avoir un cancer de la prostate. Donc, que ce soit ou non en situation d’absence de partenaire, la masturbation reste une option à privilégier.

Qui plus est, la plupart des hommes finissent par se masturbent un jour ou l’autre. Est-ce que c’est écrit dans nos gènes? Est-ce que c’est parce que les hommes se permettent un peu plus de latitude? Je ne sais pas. Mais il est souvent dit que 90 pour cent des hommes se masturbent et les autres mentent à ce sujet. Les femmes, prises collectivement, ne se masturbent pas autant, ou du moins elles ne le reconnaissent pas aussi facilement. Les dogmes religieux décourageant la masturbation ont sans doute contribué à cette situation.

De ce que j'ai pu apprendre de notre amie nouvellement religieuse, sa religion interdit également la masturbation, et elle a accepté cet enseignement sans autre questionnement. Elle ajoute que, en évitant de penser aux choses sexuelles, elle a vécu une croissance spirituelle dans d’autres aspects de son être. Je ne contesterai pas son expérience. Je ne peux pas ressentir ce qu'elle a ressenti. Et choisir l’abstention est tout aussi légitime que de faire le contraire.

Par contre, je ne dirais jamais la même chose pour ce qui est promouvoir l’abstention. Et voilà l'essentiel du problème. Lorsqu’elle aura une fille, lui refusera-t-elle la chance de découvrir son corps? Voudra-t-elle que sa fille rejette sa nature sexuelle jusqu’au mariage? Tout cela au nom de la perfection spirituelle?

L'un des obstacles à la pleine liberté pour les femmes a été la présence d'autres femmes désireuses d'écraser ceux qui voudraient travailler pour le progrès social, et ce au nom d'une divinité ou d’un chef religieux, ou encore pour être bien vues par leurs consœurs. J'espère sincèrement que notre amie ne devienne pas une de ces femmes qui s’opposent à cette liberté.

vendredi 10 décembre 2010

Est-ce que cette analogie vous convient?

Pendant longtemps j'ai cherché un moyen de décrire les difficultés de perdre du poids à des gens qui n'ont aucune difficulté à maintenir un tour de taille raisonnable. Je crois que j'ai enfin trouvé une analogie qui fonctionne. Je vous prie d’être patient.

On a longtemps cru que les enfants ont un talent naturel pour l'apprentissage des langues. Ils apprennent une, deux et peut-être même trois langues avec aisance et presque sans effort. Cette compétence diminue à partir de l'adolescence. La plupart des adultes désespèrent ensuite de ne jamais pouvoir maîtriser une deuxième ou une troisième langue. Toutefois, les experts savent maintenant que cette vision des choses est erronée.

Au cours des cinq premières années de sa vie, un enfant passe presque tout son temps à apprendre une langue (et peut-être même deux). Pendant cette période, il est bien encadré par des gens qui l’encouragent à perfectionner la prononciation et à mémoriser des mots et des concepts. D'autres choses sont aussi apprises à cette étape de la vie, mais ils exigent rarement un effort intellectuel aussi exténuant. À l'âge de cinq ans, l’enfant est sur la bonne voie pour bien maîtriser sa première langue.

Il serait donc possible de maîtriser une autre langue vers l'âge de 30 ans si la vie nous permettait de prendre un congé de cinq ans à partir de l'âge de 25 ans afin de pouvoir vraiment se concentrer sur l'apprentissage d’une deuxième ou d’une troisième langue. Mais la vie nous accorde rarement cette possibilité. Les exigences du travail, les activités pour les enfants, l'église (pour ceux qui ont cet engagement) nous laissent peu de temps pour apprendre une nouvelle langue.

Il en va de même pour la perte de poids et l’adoption d’un mode de vie sain. Cela aiderait si nous pouvions nous trouver dans un environnement où des mentors nous suivent et nous encouragent à changer notre alimentation et à faire plus d'activité physique. Mais les exigences du monde moderne sont telles que nous devons contribuer à l'économie. Que nous soyons donc travailleurs autonomes ou salariés, nous sommes appelés à passer au moins 35 heures par semaine (et souvent beaucoup plus) à gagner notre pain afin de pouvoir se payer de la nourriture, un logement et des vêtements, sans compter les autres articles qui permettent de faire progresser notre économie. Les exigences du travail, les activités pour les enfants, le bénévolat, l'église (pour ceux qui ont cet engagement), les rendez-vous médicaux ... Avec tout cela, qui a le temps d'investir dans l'adoption d'un nouveau mode de vie?

La structure même de la société moderne n'aide pas, non plus. Pendant des décennies, les gens se rendaient à pied au magasin du coin pour acheter ce dont ils avaient besoin au moment où ils en avaient besoin. Maintenant, nous avons des zones résidentielles où aucun magasin n’est autorisé, et les gens se rendent au magasin en automobile pour acheter de grandes quantités de nourriture à la fois. Au lieu de s’exercer en faisant en vaquant à nos activités de tous les jours, nous devons nous réserver du temps pour faire de l'exercice!

Dans Retour vers le futur III, « Doc » Brown raconte aux clients de la taverne de 1885 à quoi ressemble la vie dans le futur. À un moment donné, un client demande: N’y a-t-il plus personne qui marche?

Brown dit: Bien sûr! Mais ils marchent pour le plaisir.

Pour le plaisir? Mais pourquoi faire cela pour le plaisir?, renchérit le client.

Je ne sais pas dans quelle mesure l'ironie était intentionnelle, mais cet échange en dit sur la vie de nos jours.

mercredi 8 décembre 2010

Complaisance

Il existe un genre de site d’initiation au féminisme (en anglais seulement) appelé Finally Feminism 101, un service qui semble avoir commencé à Blogspot avant de passer à Wordpress. Je ne sais pas plus comment je suis tombé sur le site, mais la première page que j’y ai visitée était celle-ci. En résumé, il s'agissait d'une tentative d'expliquer exactement pourquoi il doit y avoir une distinction entre un acte sexuel dans lequel l’on s'engage volontairement, et un acte sexuel où un des participants est clairement victime d'une agression.

Il n'y a pas si longtemps j'ai entendu dire qu'un ancien prêtre, affecté à ma ville natale quand j'étais un enfant, a reconnu avoir molesté de jeunes garçons. J'ai été un de ces chanceux qui ne l’a connu que de loin et j’ai ainsi évité de devenir une victime. Mais ce sont les circonstances particulières de cette cause qui ont attiré mon attention plus que les agressions elles-mêmes.

Les agressions sexuelles ne sont toujours pas signalées si fréquemment, mais il y a eu du progrès à cet égard. Toutefois, l’effet de ces signalements sur notre conscience tend à être moindre. Il est donc bien que Finally Feminism m’ait réveillé un peu. Il faut parfois donner un bon coup à notre complaisance.

Mais il y a alors lieu de se demander comment j’ai fait pour devenir complaisant.

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Puisque des relations sexuelles consensuelles sont permises et même encouragées, le droit de dire non à l'activité sexuelle a un corollaire nécessaire: le droit de dire oui. Bien sûr, certains feront tout leur possible pour refuser ce droit à d'autres, et ils seront convaincus d’avoir l'autorité morale de le faire.

En 1976, la American Humanist Association (AHA) a abordé ce problème en publiant un genre de déclaration droits et responsabilités en matière de sexualité (A New Bill of Sexual Rights and Responsibilities). En 2003, la revue Free Inquiry a publié ce qu'elle présentait comme étant une version remaniée de cette déclaration, même si elle suivait toujours l'original de très près. La revue The Humanist a « répliqué » avec un article critique intitulé « Que faire à présent que la révolution sexuelle est terminée? »

On évoque notamment le langage douteux dans certaines parties du document. Par exemple, on dit en anglais que les gens sont souvent tenus en « bondage » (servitude) par des règles insensées régissant leur comportement sexuel, le choix de partenaires et les circonstances dans lesquelles ils peuvent avoir des rapports sexuels. Mais le terme anglais « bondage », au sens de ligotage, est aussi un terme qui décrit une pratique sexuelle consentante, ce qui entraîne donc un double sens inattendu. Aussi, dans le passé, l’on supposait que les personnes qui travaillaient dans l’industrie du sexe le faisaient parce qu’elles y étaient obligées en raison d’un nombre d’options trop limité. Aujourd’hui, nous savons que ce n'est pas toujours le cas, et on aurait avantage à revoir les lois touchant la prostitution afin d’en tenir compte. Dans d'autres cas, il est question de moderniser le langage désuet.

La AHA n'est pas la seule organisation à avoir examiné la question. La International Planned Parenthood Federation (IPPF) a publié une déclaration des droits sexuels qui suit de près le style et l'intention de la Déclaration universelle des droits de l'homme. En effet, même l'Organisation mondiale de la santé s’y est aventurée avec des déclarations non officielles concernant les droits sexuels et des deux sexes.

Les différentes religions du monde, et leurs adhérents, seraient sans doute en désaccord avec une grande partie de ce que l’on trouve dans ces déclarations. Mais, dans quelle mesure les habitants de l’Occident suivent-ils les règles religieuses concernant le sexe? Au cours des dernières décennies, le mariage est devenu moins fréquent et moins stable. Maintenant, selon certaines sources, même les concubins et les concubines sont devenues chose du passé. Plutôt que d'investir dans les relations durables, de nombreuses personnes ne cherchent rien de plus que des partenaires sexuels d’occasion (« fuck buddies »). A l'heure où les jeunes adultes doivent investir presque tout leur temps et toutes leurs énergies dans une carrière, ces genres d’arrangements permettent quand même de satisfaire leurs pulsions sexuelles.

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Bien sûr, il y a peut-être une autre explication. Vous vous souvenez de ces articles que j'ai écrits sur la façon dont nos plus anciens ancêtres, comme les australopithèques, évitaient la compétition spermatique et comment nos ancêtres plus récents, comme Homo erectus, faisaient le contraire? J’avais aussi émis des doutes sur ce que disaient certains scientifiques qui affirmaient que notre « nature monogame » pourrait mener à un retour de la pendule. Eh bien, au moins une équipe d’époux semble être d'accord avec moi.

Christopher Ryan et Cacilda Jetha sont les auteurs de Sex at Dawn: The Prehistoric Origins of Modern Sexuality. Je n'ai pas encore lu le livre, mais selon un article dans la presse, les auteurs sont d’avis que la non-promiscuité n’est rien de plus qu'une construction sociale, et que notre nature sexuelle n’y est tout simplement pas compatible. Ils disent que la fidélité sexuelle n'était probablement pas une exigence sociale avant l'avènement de l'agriculture. Avant, les hommes n'avaient pas de biens à transmettre à la génération suivante. La paternité était donc sans importance. Et les femmes recevaient la nourriture, un abri, de l'aide pour s'occuper des enfants et des partenaires sexuels de toute la communauté plutôt que d’un seul fournisseur mâle. (Pour ma part, j’ajouterais que les femmes fournissaient la nourriture à la communauté. La cueillette était réussie plus souvent que la chasse.)

Bien que les auteurs ne critiquent pas la monogamie en soi, ils croient qu’il est trompeur de croire que la monogamie exclusive soit l'idéal pour notre espèce. La non-promiscuité peut convenir à un grand nombre de personnes, mais pas à tous. Il serait peut-être temps de le reconnaître.

vendredi 3 décembre 2010

La prostitution est légale, mais pas la communication

(...) toute mesure législative d'origine ou d'inspiration religieuse devait avoir un but laïc légitime. L'État ne devait s’occuper que de la vie, de la santé, de la propriété et d’autres choses de ce monde. (De mon article du 7 septembre dernier, Critiquer la religion)

Les lois canadiennes contre la prostitution restent en vigueur pour l'instant. Une décision judiciaire antérieure avait invalidé des dispositions clés du Code criminel du Canada qui traitent de la communication à des fins de prostitution, de la tenue d’une maison de débauche et de vivre des produits de la prostitution. Le juge Marc Rosenberg de la Cour d'appel de l'Ontario a décidé qu'il serait préjudiciable à l'intérêt public de permettre que le jugement du tribunal inférieur entre en vigueur immédiatement en attendant qu’un appel interjeté récemment soit entendu. Toutefois, le juge a fixé au 29 avril prochain la date limite pour la suspension de la décision, et la poursuite devra faire valoir ses arguments d'ici là.

Au Canada, la prostitution en soi n'est pas un crime. Au contraire, la sollicitation ou l’offre d’un paiement en échange de services sexuels est interdit par la loi. Ainsi, bien que la prostitution soit techniquement permise par la loi, pratiquement toutes les activités qui lui sont associées ne le sont pas. Le Code criminel interdit la « communication à des fins de prostitution ». Elle interdit également la tenue d’une maison de débauche. Certaines lois avaient été promulguées bien récemment, en 1985, afin de régler le problème de nuisance publique par celles qui faisaient le trottoir. Mais en raison de la loi contre les maisons de débauche, la solution de rechange, soit de travailler à partir de la maison dans des circonstances plus sécuritaires, est interdite.

Trois femmes ont donc contesté la constitutionalité de certaines dispositions du Code criminel relatives à la prostitution en 2009. Les dispositions en question sont : (a) vivre des produits de la prostitution d'une autre personne, (b) arrêter ou de tenter d'arrêter et de communiquer avec quelqu'un dans le but de se livrer à la prostitution ou d'obtenir les services sexuels d'une personne qui se prostitue, et (c) la tenue d'une maison de débauche. Les requérantes ont affirmé que ces dispositions du Code criminel violent l'article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés qui dit que Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec les principes de justice fondamentale.

En outre, elles ont fait valoir que la disposition concernant la tenue d'une maison de débauche contrevient à l'alinéa 2b) de la Charte qui garantit les libertés suivantes : liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication.

Dans sa décision, la juge Susan Himel de la Cour supérieure de l'Ontario a convenu que certaines dispositions du Code criminel contribuent effectivement à rendre plus dangereuses les circonstances dans lesquelles les travailleuses et travailleurs du sexe doivent gagner leur vie. « Ces lois, individuellement et collectivement, forcent les prostituées à choisir entre leur droit à la liberté et leur droit à la sécurité de la personne dont la protection est garantie par la Charte canadienne des droits et libertés. Je conclus que ces lois violent les valeurs fondamentales protégées par l'article 7 et que cette violation n'est pas sauvée par l'article 1 à titre de limites raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique », a-t-elle écrit. (Ma traduction de l'anglais.)

Il convient de noter qu'elle ne s’est pas limitée à invalider les dispositions en question. Alors que les alinéas 212(1)j) (vivre des produits de la prostitution) et 213(1)c) (communication à des fins de prostitution) ont effectivement été invalidées, la disposition relative aux maisons de débauche a été changée tout simplement. La disposition spécifique, soit l'article 210, demeure intact, mais la juge a changé la définition à l'article 197(1) afin qu’elle ne fasse plus allusion à la prostitution. Si des actes d'indécence sont commis dans une maison tenue à cette fin, on pourra encore parler d’une maison de débauche.

La juge indique clairement que seules ces dispositions ont été annulées. D'autres dispositions qui portent, par exemple, sur l'arrêt ou la tentative d'arrêter une automobile ou encore de gêner la circulation des piétons ou des véhicules à des fins de prostitution est toujours illégal. En outre, de nombreuses dispositions concernant le « proxénétisme » demeurent en vigueur, tout comme celles qui traitent de la prostitution des personnes d’âge mineur.

La décision est maintenant affichée sur le site web de CanLII (en anglais seulement). Pour ma part, je trouve que la décision a été bien réfléchie. À tout le moins, la juge semble être bien informée des véritables dangers en matière de prostitution, soit l'impuissance des prostituées devant la loi et devant ceux qui voudraient leur faire du mal. Les personnes élues, bien sûr, ne sont pas du même avis. Elles cherchent des votes et savent que les gens qui s'opposent à la prostitution sous toutes ses formes visitent régulièrement les bureaux de scrutin. Eh bien, les différentes dettes publiques sont déjà très élevées et les déficits n’en finissent plus, alors quelques millions de plus ou de moins…

mercredi 1 décembre 2010

Quand je mourrai

Si vous avez publié quelque chose sur votre propre site Internet ou sur un service Internet où vous avez l’entière responsabilité du contenu et de sa présentation, avez-vous pris des dispositions à savoir ce qui doit arriver à ce contenu si vous mourez? Et savez-vous ce qu’il adviendra de vos adresses de courriel Yahoo et Hotmail après votre décès? Ou vos comptes de réseaux sociaux comme Facebook, MySpace, Twitter et autres?

Personne n'est immortel. Il est possible de vivre pendant encore un grand nombre d’années ou de succomber aux blessures causées par un accident de la route aujourd’hui même. Un jour ou l’autre, notre heure sonnera.

Voulez-vous que votre site Web puisse encore exister après votre mort et peut-être même contenir un avis de décès à votre égard? Cela pourrait intéresser vos petits-enfants, mais l’intérêt du reste des lecteurs pourrait s’estomper. Voulez-vous plutôt que tout cesse immédiatement ou dans les semaines qui suivent? Peu importe votre choix, il vous faudra un service ou une personne de confiance qui pourra s’en occuper.

Cette personne ou service doit avoir des instructions claires et tous les noms d’utilisateurs et mots de passe nécessaires, ainsi que les noms et coordonnées des partenaires qui vous auriez pris en cours de route pour votre blog ou autre service.

Le mot de passe est peut-être la question la plus délicate. Pour cela, il existe un site appelé Dead Man’s Switch. Il s’agit d’un service automatisé qui envoie des messages et attend que l’on y réponde. Si le message reste plusieurs jours sans réponse, le service avise alors une personne dont vous avez fourni le nom et les coordonnées afin que cette dernière puisse y donner suite.

Un compte Gmail reste ouvert à tout jamais à moins que les proches en demandent sa suppression. Si ces derniers veulent plutôt y accéder, ils devront fournir des renseignements et de la documentation à cet égard, notamment un certificat de décès. Il serait donc plus facile de confier le nom d’utilisateur et le mot de passe à une personne de confiance ou d’en faire la divulgation dans votre testament.

Un compte Hotmail inactif sera supprimé à un moment donné. Les proches peuvent y accéder avant sa suppression moyennant l’envoi de certains renseignements et documents. Pour Yahoo, cependant, tout reste confidentiel. Si vous n’avez pas confié votre nom d’utilisateur et mot de passe à un proche, ce dernier pourra seulement demander la suppression du compte.

Facebook ne permettra à personne d’accéder au compte, mais il sera possible d’en faire une page commémorative. MySpace fera la suppression de la page à la demande du proche parent, mais ne permettra pas que l’on modifie ou supprime le contenu autrement.

Avez-vous un compte PayPal dans lequel il vous reste quelques centaines de dollars? Il serait bien que vos proches sachent comment y accéder. Si un abonnement à un domaine Internet doit bientôt être renouvelé, il serait bien de l’indiquer. Sinon, le domaine sera remis à quelqu’un d’autre.

Les lois sur le droit d’auteur varient d’un pays et d’une région à l’autre. En général, il peut être possible de transférer vos droits d’auteur à d’autres. Si la succession hérite des droits d’auteur, rien n’assure que votre matériel publié sur le Web y restera.

Rien n’oblige de tout mettre dans le testament. Il peut y avoir une enveloppe séparée dans laquelle vous informez l’exécuteur testamentaire du matériel qui doit être supprimé de votre ordinateur sans que personne d’autre ne le voie.

Une recherche rapide ne m’a pas permis de trouver des pages françaises à cet égard. Voici tout de même quelques ressources en anglais :

http://webmasterformat.com/blog/what-happens-to-your-website-if-you-die

http://www.makeuseof.com/tag/what-happens-to-your-email-and-social-networking-sites-when-you-die

http://menwithpens.ca/what-happens-to-your-website-if-you-die

vendredi 19 novembre 2010

Violence contre homosexuels à St. George (Nouveau-Brunswick)

Article en anglais : http://www.cbc.ca/canada/new-brunswick/story/2010/11/19/nb-st-george-assault-1222.html.

Le présent article du blog restera affiché jusqu'à ce que l'on prouve que l'article est faux ou que la collectivité de St. George fasse le nécessaire afin d'éviter que de tels actes se reproduisent.

vendredi 12 novembre 2010

Par ici, la passerelle

Avant de passer à mon commentaire principal, voici un peu de contexte. Au Québec, les immigrants doivent inscrire leurs enfants dans les écoles françaises. En principe, les seuls enfants qui peuvent fréquenter les écoles anglaises publiques (financées entièrement par le gouvernement provincial) sont ceux et celles dont au moins un parent a fait ses études en anglais au Canada. Ceux qui viennent de l'extérieur du Québec doivent avoir déjà été inscrits dans une école anglaise ailleurs au Canada avant de déménager à Québec, ou avoir une sœur ou un frère qui était inscrit dans une école anglaise avant le déménagement. Dans chaque cas, au moins un des parents doit être citoyen canadien, à moins que le parent ait été scolarisé en anglais au Québec.

L'objectif est de faire en sorte que tous les immigrants qui s’établissent au Québec envoient leurs enfants à l'école française. En raison d’une échappatoire, certaines personnes dont les enfants ne sont pas normalement admissibles à l'enseignement en anglais au Québec envoyaient leurs enfants à des écoles anglaises privées pour un an. Après cela, les enfants étaient admis dans les écoles publiques anglaises. Le gouvernement provincial a adopté une loi pour mettre fin à cette pratique, mais la loi a été déclarée inconstitutionnelle. Plutôt que d'utiliser la « clause nonobstant », tel qu’il est prévu dans la Charte des droits et des libertés, le gouvernement du Québec a récemment choisi d'adopter le projet de loi 115, qui établit des critères plus sévères pour l’admission des enfants à l'école anglaise de cette manière.

Voilà pour la mise en contexte. Passons à mon commentaire :

On a toujours dit aux écrivains en herbe qu’il valait mieux écrire à propos de ce que l’on connait. Tasha Kheiriddin est Montréalaise, donc Québécoise, et devrait alors connaître le Québec et son système d’éducation. Mais on dirait que ce ne soit pas le cas. Un éditorial du National Post signé par Mme Kheiriddin et intitulé Quebec chooses language purity over prosperity (« le Québec préfère la pureté linguistique à la prospérité ») en est un bon exemple. En voici un extrait que j’ai pris la liberté de traduire :

« Mais quand il est question des enfants, les choses changent. Les parents veulent préparer leurs enfants à se mesurer au monde, et non seulement à la province. Si leurs enfants ont déjà été éduqués ailleurs en anglais, les placer à l'école française pourrait avoir des conséquences non seulement pour leurs compétences linguistiques, mais aussi pour leurs notes dans toutes les matières. Sachant à quel point la plupart des immigrants valorisent l'éducation, c'est un risque que beaucoup ne veulent pas prendre. Et pour les immigrants qui proviennent d’ailleurs au Canada et qui s’établissent au Québec, il est carrément discriminatoire qu’ils puissent se déplacer à l’intérieur de leur nouveau pays mais qu’ils ne peuvent pas ensuite inscrire leurs enfants à l’école dans la langue de leur choix. »

Contrairement à Mme Kheiriddin, je ne suis pas Québécois et mes connaissances sur le Québec sont limitées. Mais en cette belle époque d’Internet, les renseignements sont plutôt faciles à obtenir afin de pouvoir avoir l’heure juste sur une question. Dans ce cas, j’ai consulté une page Internet du gouvernement québécois qui porte sur la question de l’éducation, et j’y ai trouvé les règles décrites ci-dessus. Évidemment, la question de la citoyenneté canadienne est alors d’une importance capitale. Comme pour bien des choses, la citoyenneté entraîne des privilèges. Bien des immigrants restent longtemps des résidants permanents avant d’obtenir la citoyenneté. Si le déménagement du parent au Québec est inévitable pour des raisons d’emploi ou autre, il est vrai que cela puisse avoir des conséquences pour l’éducation de l’enfant.

Et pourtant, il s’agit là d’une vision plutôt bornée. Combien d’enfants anglophones du Canada resteront unilingues parce qu’ils n’ont pas la chance de côtoyer des francophones et de recevoir une éducation en français? Je veux bien comprendre que l’on n’aime pas que le rendement scolaire souffre lorsqu’un déménagement dans une région de culture et de langues différentes est inévitable. Mais il faudrait alors faire le procès du système scolaire qui résume les apprentissages et les expériences éducatives à une série de notes. Lorsque l’on fait l’examen du rendement d’un employé, l’on ne parle pas seulement de choses quantifiables, comme le nombre de pneus posés ou de mots traduits. Il y a aussi les choses qui ne sont pas quantifiables, comme les relations avec les clients et les collègues de travail, et la capacité de régler des problèmes. On pourrait bien faire la même chose à l’école, non?

Mais revenons au sujet…

Que veut dire Tasha Kheiriddin lorsqu’elle écrit que les immigrants qui arrivent au Québec d’une autre région du Canada ne peuvent pas faire éduquer leurs enfants dans la langue de leur choix? Pour Mme Kheiriddin, « langue de leur choix » est un code qui signifie « anglais ». Sinon, il y aurait sûrement eu des écoles publiques polonaises et russes en Ontario, et des écoles ukrainiennes au Manitoba. Car, si les immigrants de la France arrivent en Alberta ou en Ontario, Mme Kheiriddin sera sans doute ravie de leur offrir l’occasion de s’éduquer en anglais.

Dans bon nombre de provinces, n’entre pas qui le veut à l’école française. Au Nouveau-Brunswick, pour qu’une élève puisse être inscrite à l’école française, elle doit être francophone, avoir un parent francophone, ou être ni francophone ni anglophone. Dans d’autres provinces, les critères pourraient être encore plus restrictifs. Alors, pourquoi s’indigner du fait que le Québec applique le même principe à l’égard de l’anglais?

Et pourquoi une éducation en français ne permet-elle pas aux enfants de faire face au monde? Croit-elle que l’éducation en français est inférieure à l’éducation anglaise? Pourquoi? Et de quelle façon?

L’idée principale de l’éditorial est que le projet de loi 115 qui a été adopté tout récemment a des failles. Là-dessus, même les francophones sont d’accord, bien que ce soit pour des raisons différentes. Mais Mme Kheiriddin s’insurge contre la création d’un autre niveau de bureaucratie pour appliquer une loi qui, à son avis, fait savoir aux personnes non francophones qu’elles ne sont pas les bienvenues au Québec. Que l’on n’aime pas la bureaucratie au Québec, on a le droit. Que l’on suppose qu’une nouvelle loi entraînera automatiquement une nouvelle bureaucratie, on a le droit aussi, bien qu’il faille ensuite le prouver. Que l’on dise que cela signifie que les nouveaux arrivants ne sont pas les bienvenus s’ils ne parlent pas le français, c’est autre chose. Le Canada impose, comme condition d’entrée au pays, que les immigrants connaissent l’une ou l’autre des deux langues officielles ou s’engagent à apprendre l’une d’elles. Si le Canada peut imposer une telle condition, pourquoi le Québec ne peut-il pas imposer des conditions concernant les écoles publiques?

Plus loin, Mme Kheiriddin se plaint de l’infrastructure municipale qui se dégrade et les temps d’attente dans les hôpitaux qui n’en finissent plus. Elle est d’avis qu’il serait mieux d’investir l’argent qui servira à l’application de la Loi 115 à améliorer l’infrastructure et à régler le problème des temps d’attente. Mais ce n’est pas seulement le Québec qui est aux prises avec de tels problèmes. Que devrait éliminer le gouvernement ontarien afin d’améliorer enfin l’infrastructure municipale d’Ottawa et de Toronto?

Mme Kheiriddin décrit cela comme étant une préférence de la pureté linguistique aux dépens de la prospérité économique. (Il faudrait, d’ailleurs, définir « pureté linguistique », mais passons…) Ce qu’elle ne dit pas c’est pourquoi l’une doit nécessairement empêcher l’autre. L’éditorialiste ne semble pas accepter la possibilité que les deux puissent coexister et même être complémentaires. Elle dit aussi que le Québec se prive de jeunes immigrants en appliquant sa politique linguistique à une époque où la population est vieillissante. Que dire alors de l’Espagne, du Mexique, de la Suède, de l’Allemagne, de l’Italie, du Brésil? Si l’on déménage dans un nouveau pays, il faut bien apprendre la langue en usage. Et si l’on déménage dans une nouvelle province, il faut bien apprendre la langue en usage dans cette région également.

Enfin, elle s’insurge contre les paiements de péréquation que reçoit le Québec malgré sa politique linguistique. Elle dit que les garderies à sept dollars par jour et le service de fertilisation in vitro gratuite sont offertes seulement parce que le Québec reçoit ces paiements. Or, si c’était une province anglophone qui appliquait une version anglaise de la Charte de la langue française et qui offrait des services de garde à sept dollars par jour, est-ce qu’elle fustigerait cette province aussi?

Les deux solitudes existent toujours. Et certaines personnes et institutions semblent décidées à assurer leur existence.

mercredi 10 novembre 2010

Crise alimentaire

Il y a quelques semaines j’écoutais un reportage à Radio-Canada, dans le cadre de l’émission La semaine verte, sur la crise alimentaire mondiale à venir. Il a été question, entre autres, de la culture du Jatropha Curcas en Inde, bien qu’il m’a fallu un peu de temps pour bien cerner le nom de cette plante. (Pendant l’émission, on parlait de « jatrophe ».)

S’agit-il de l’aliment miracle qui permettra à tous de manger à leur faim? Loin de là! Il s’agit plutôt d’une plante qui, pendant un certain temps, semblait prometteur comme source de biocarburant. Contrairement aux plantes comestibles, comme le maïs, le Jatropha Curcas est toxique. On se pose la question à savoir si la culture du maïs pour la production énergétique est morale étant donné nos besoins en alimentation à prix abordable. La question ne se pose pas pour les plantes non comestibles comme le Jatropha Curcas.

Or, dans le reportage, on apprend que la culture du Jatropha Curcas entraîne tout de même un questionnement moral d’un autre ordre. Dans une région de Chhattisgarh, en Inde, vivent 18 familles auxquelles une terre en propriété collective a été arrachée par les autorités. Les familles ne peuvent plus y faire pousser leur nourriture et ne peuvent ni se nourrir elles-mêmes ni nourrir leur bétail. Elles dépendent maintenant de dons alimentaires.

Ces familles voient peu les avantages d’une plante comme le Jatropha Curcas. La plante n’est est toxique autant pour elles que pour leurs animaux, elle ne peut pas servir au chauffage, et comme aucune des familles n’a de voiture motorisée, elles ne leur sert pas non plus comme carburant. Bref, la plante ne leur sert pas.

Les autorités prévoyaient faire la culture dans des terres dites « infertiles et dégradées », car on disait à l’époque que la plante nécessitait moins d’eau et pouvait pousser presque n’importe où. Le problème est qu’un grand nombre de régions que l’on disait arides et semi-arides étaient en fait habités et exploités par des communautés locales et autochtones. On a souvent fait usage de force à l’endroit de populations vulnérables, violant ainsi leur droit à la subsistance.

Il y a aussi toute la question de la disparition d’une culture humaine. Ces gens vivaient de la terre depuis au moins des décennies, peut-être même des siècles. En leur arrachant la terre et le droit de s’en servir pour vivre, on met fin à une véritable tradition. Ce n’est pas le prix de la modernité, car la modernité permet d’améliorer la production sans mettre en péril un mode de vie. Dans ce cas-ci, le mode de vie a été carrément chambardé parce que d’autres y voyaient une occasion de faire beaucoup d’argent.

Or, le comble est que l’expérience semble vouée à un certain échec. Oui, la plante peut pousser dans des terres moins fertiles, mais son rendement n’est pas à la hauteur des attentes. « Il ne s’agit pas d’une culture friche. Il lui faut de l'engrais, de l'eau et une bonne gestion », peut-on lire à son égard dans un autre reportage sur Internet.

Dans le même reportage, on parlait de Sénégalais qui faisaient la pêche au large des côtes du pays. Le seul outil moderne du pêcheur sénégalais était un moteur hors-bord. Mais la pêche n’était pas tellement abondante en raison des grands navires de pêche provenant d’autres pays et ayant les moyens de prendre plus de poissons à la fois. Lorsque la prochaine génération aura atteint la maturité, restera-t-il quelqu’un pour apprendre aux jeunes comment pêcher selon cette méthode traditionnelle? Le cas échéant, restera-t-il du poisson?

mardi 2 novembre 2010

Qui perd sa foi

Qui perd sa langue perd sa foi, nous dit-on. Mais que dire des gens qui ont perdu la foi tout en maintenant la langue?

Les lecteurs réguliers connaissent ma pensée concernant l'existence d'un être suprême. Bref, je n'y crois pas. Or, le contexte franco-acadien du Nouveau-Brunswick fait en sorte que la religion se mêlait facilement à cet enseignement général qui, selon une toute nouvelle Charte des droits et des libertés, devait être neutre sur le plan religieux, du moins selon la jurisprudence.

Sans que cela ne me plaise, je comprends quand même le fondement historique de cette coexistence. Comme au Québec, l'enseignement en français au Nouveau-Brunswick a été longtemps l'affaire des religieux et des religieuses. S'il y avait sans doute l'espoir de recruter quelques serviteurs de plus pour l'Église, il y avait aussi, surtout pour les prêtres et nonnes qui étaient originaires de la province, un désir de voir au développement de la société acadienne. Et qui dit développement socioéconomique dit éducation.

Avant 1872, l'éducation des jeunes se trouvait dans un état lamentable dans la province en général et chez les Acadiens en particulier. Pendant quelques années, un ministre provincial, George Edwin King, mènera un mouvement pour changer les choses. Il préconise un système d'écoles publiques non confessionnelles pour remplacer les écoles séparées (donc, religieuses) qui existaient alors. L'éducation serait gratuite, c'est-à-dire, payé à même les fonds publics, et elle serait offerte à tous sans égard à la langue, la religion, le sexe et la situation économique de la famille de l'élève.

Or, le système des écoles séparées permettait aux quelques Acadiens qui se faisaient éduquer de recevoir une éducation qui était non seulement conforme à leur foi, la religion catholique romaine, mais aussi dans leur langue, le français. Les catholiques anglophones, bien que généralement peu enclins à soutenir la cause française, voulaient quand même conserver leurs écoles séparées. Devant ce manque de soutien pour les écoles non confessionnelles, M. King retire d'abord son projet de loi.

Cependant, quand il est devenu chef du comité exécutif provincial (aujourd'hui, nous l'appellerions le premier ministre), M. King est revenu à la charge avec un projet de loi semblable et fait face à la même opposition au public et chez bon nombre de députés. Il a fallu, en bout de ligne, offrir des postes alléchants à deux opposants afin qu'ils se rangent du côté de l'administration pour que la Common Schools Act soit enfin adoptée. (Le bilinguisme officiel n'existait pas à l'époque. D'autres parleront de la Loi des écoles communes ou tout simplement de la Loi scolaire de 1871. La Loi est entrée en vigueur en 1872.)

Cette nouvelle loi interdisait la présence de tout emblème religieux dans l'édifice scolaire, ainsi que le port de l'habit religieux par les enseignants membres d'ordres religieux. En plus, les personnes qui voulaient quand même que leurs enfants fréquentent une école religieuse devaient payer deux fois, soit la taxe imposée par le gouvernement pour l'éducation publique, même si leur enfant ne fréquentait pas l'école, et les droits de scolarité de l'établissement non public. Si cela peut nous paraître normal aujourd'hui, ce n'était pas le cas au cours des années 1870.

Au cours des quelques années qui suivront, les catholiques, encouragés par leurs chefs spirituels, manifesteront contre cette loi de diverses façons,. En 1875, un événement tragique survient. À la suite d'une manifestation devant la maison d'un membre du comité exécutif provincial, on dépêche des miliciens à Caraquet. Réunis dans une maison pour discuter des événements, certains Acadiens se cachent dans le grenier en voyant l'arrivée de la milice. Dans les minutes qui suivront, deux personnes trouveront la mort, soit un milicien, John Gilford, et un Acadien, Louis Mailloux. Si le nom du milicien reste aujourd'hui peu connu, celui de l'Acadien est maintenant porté par une école à Caraquet.

Voulant éviter que de tels événements ne se répètent, et craignant peut-être aussi des réactions du reste du pays, l'administration provinciale offre un compromis. Le port de l'habit religieux est permis et la catéchèse pourra être enseignée à l'école en dehors des heures officielles d'instruction. Ce compromis sera accepté par le clergé qui encouragera alors ses ouailles à payer les taxes qui s'imposent et à y envoyer leurs enfants.
Qu'en est-il alors de l'éducation en français? Cette question fera l'objet d'un autre combat que les Acadiens devront mener séparément, et souvent sans l'aide du clergé de l'époque.

En 1867, l'année de la Confédération canadienne, la population acadienne vivait en marge de la société. Certains Acadiens étaient devenus marchands et on dénombrait quelques prêtres dans les deux diocèses d'alors, soit Saint John et Chatham. On attendait encore l'arrivée d'avocats et de médecins. Les Anglais contrôlaient le commerce et le gouvernement.

Quant au clergé, les échelons supérieurs de l'Église catholique au Nouveau-Brunswick étaient occupés par des Irlandais anglophones. Dans son ouvrage, Un siècle de revendications scolaires au Nouveau-Brunswick, 1871-1971, l'auteur Alexandre-J. Savoie nous présente un extrait d'une lettre du fondateur du Moniteur Acadien, Israël J. D. Landry, à l'historien Rameau de Saint-Père :

Il me serait impossible de vous dire toutes les tracasseries dont j'ai été l'objet depuis que j'ai commencé la publication d'un journal acadien. Le clergé irlandais (des comtés de Westmorland et Kent) s'écrie publiquement dans les églises que « M. Landry est venu diviser les catholiques français d'avec les Irlandais, Écossais, etc… » Voici : on craint que les pauvres Acadiens s'instruisent et s'appliquent à conserver leur langue. Le clergé irlandais (qui a perdu sa propre langue) dit qu'il ne doit avoir qu'une seule langue dans ce pays, et c'est l'anglais.

Devant une telle opposition, il aurait peut-être été tentant de faire un pied de nez au clergé. Mais l'Église jouait un rôle tellement prépondérant à l'époque que cela aurait été impensable. Donc, avec l'aide de quelques membres du clergé sympathiques à la cause, les Acadiens ont travaillé pendant de nombreuses années à l'acadianisation du clergé, afin d'avoir un coin d'Église qui leur ressemblait. Sur ce plan, ils ont réussi.

Aujourd'hui, la société acadienne n'est plus ce qu'elle était. Ce peuple sans territoire défini faisait souvent valoir deux caractéristiques jugées immuables : la langue française et la foi catholique romaine. Or, l'Église a perdu des plumes au cours des dernières décennies, peut-être moins en Acadie qu'au Québec, mais le phénomène y est quand même. Un grand nombre d'Acadiens ne sont plus régis par l'Église, mais ils continuent d'afficher un grand attachement à la langue française.

Certains continuent de fréquenter l'Église par respect pour la tradition. Mais il est possible de respecter le passé sans pour autant y vivre. Nous ne sommes plus à l'époque des voitures à cheval et des encriers. Les Acadiens vivent aujourd'hui à l'ère des automobiles et des ordinateurs. L'Acadie, en tant que nation, peut en faire autant.

samedi 30 octobre 2010

Qui mérite la justice?

« Si Edmond Dantès n'avait pas été envoyé en prison pour ensuite réussir à s'échapper, Villefort, Danglars et Morcerf n'auraient jamais obtenu ce qu’ils méritaient. »

Une amie qui visionnait avec moi le film Le Comte de Monte Cristo, avec Jim Caviezel en vedette, me disait que Dieu permettait parfois que de mauvaises choses arrivent à de bonnes personnes dans un dessein précis, et que cela en était un exemple. Alors qu'en est-il d’Auguste Ciparis, un détenu qui a fini par être le seul survivant à Saint-Pierre, en Martinique, à la suite de l'éruption du Mont Pelée?

« Dieu voulait peut-être que le prisonnier vive assez longtemps pour apprendre quelque chose », m’a-t-on répondu.

Que dire alors de toutes les personnes mortes dans la catastrophe, en particulier les bébés qui n'avaient clairement pas des capacités cognitives assez développées pour être tenus responsables d’actes répréhensibles?

« Eh bien, Dieu les a rappelés à lui beaucoup plus tôt. » J’espère que les autres personnes dignes de sa grâce aient connu le même sort.

Mais parlons justement des autres personnes. Méritaient-elles la mort? Ciparis méritait-il de vivre? Comment le dieu judéo-chrétien-islamique a-t-il pu arriver à ces décisions tout en maintenant sa réputation d'être parfaitement juste?

Dans un article précédent, j'ai exposé les raisons pour lesquelles j'avais conclu que le dieu biblique n'existe pas. À l’époque j’ai décrit ce dieu comme ayant les attributs suivants: omniscient, tout-puissant et miséricordieux. Omniscient signifie qu’il sait tout avant même qu’un événement ne survienne. Tout-puissant signifie qu’il peut faire n’importe quoi. Rien ne lui est impossible. Miséricordieux signifie une compassion sans bornes. J’ai expliqué pourquoi je pense qu'il peut bien avoir deux des attributs à la fois, mais pas les trois.

Récemment, je me suis rappelé qu'il avait un quatrième attribut, celui d’être parfaitement juste. Parfaitement juste signifie que tout ce que l'on reçoit comme joie ou peine, ou comme récompense ou souffrance, et qui est la conséquence d’un acte ou d’une omission de la part de Dieu est juste ou mérité.

Pour la présente réflexion, supposons que le processus menant à l'éruption du Mont Pelée est indépendant des agissements de Dieu. Cet être tout-puissant et omniscient aurait pu, tout au plus, décider d’empêcher l’éruption, mais il ne l'a évidemment pas fait. Son choix a été de laisser certains vivre et d’autres mourir. Tout au plus, il a pu décider qui allait vivre et qui allait mourir. Pour être parfaitement juste, quelle aurait dû être sa décision? Et cela va-t-il de pair avec une miséricorde sans bornes?

Est-il possible d'être parfaitement juste et miséricordieux à la fois? Si Ciparis avait bénéficié de la miséricorde, est-ce qu’elle était méritée? En lui permettant de survivre à l’éruption, Dieu a-t-il été à la fois miséricordieux et juste? Est-ce que tous ces gens méritaient vraiment de mourir (même si certains seraient montés au ciel)? Est-ce cela la justice parfaite?

Et Edmond Dantès méritait-il d'être emprisonné seulement pour faire en sorte qu’il puisse plus tard voir à ce que ses ennemis soient punis? Je ne trouve pas cela très miséricordieux. Je ne crois pas que ce soit mérité non plus. Certes, il a été emprisonné à la suite d’actions commises par des hommes. Mais si nous suivons la logique de mon ami, cela devait arriver afin qu'il puisse plus tard exercer sa vengeance et ainsi voir à ce que ses ennemis obtiennent ce qu'ils méritent.

L’on dit que les desseins de Dieu sont mystérieux. Ils sont aussi illogiques.

(NOTA : Selon certaines sources, il aurait eu jusqu’à trois survivants, dont M. Ciparis.)

mercredi 20 octobre 2010

Ne pas jouer le jeu de la foi

« Mais vous – je vous ai entendu le dire – croyez que l'univers s’est créé lui-même à partir de rien, même si vous ne pouvez pas expliquer comment une telle chose a pu se produire, et que la vie s'est également créée par une sorte de processus chimique ou biologique qui vous ne pouvez pas démontrer non plus. Tout cela, c’est de la foi. Et d'ailleurs, je pense qu'elle est beaucoup plus bizarre que la mienne. »

Cet extrait a été publié dans un article de William Gairdner, qui était récemment affiché au http://www.williamgairdner.com/journal/2006/3/14/on-atheism.html. À un moment donné l’article présente une personne qui fait l’affirmation suivante : « Je ne crois pas en Dieu ». À cela, une autre, probablement M. Gairdner lui-même, répond : « Comment êtes-vous arrivé à avoir cette foi? » Il poursuit en disant que la prise de position sur l'existence ou la non-existence de Dieu est en soi un acte de foi.

Il m’avait presque eu. J'ai presque dû admettre que la foi, ou du moins la confiance, y était pour quelque chose en ce qui concerne ma vision naturaliste de l'univers. Puis, il m’est venu à l’esprit que l’on mêlait pommes et oranges. Je ne sais pas si les religionnaires utilisent délibérément ce stratagème ou s’il cela correspond tout simplement à leur vision du monde. De toute façon, j’y ai presque mordu. Voici la version révisée de ce que j’ai passé à un cheveu de publier.

Les scientifiques ont proposé une théorie selon laquelle l'univers s’est formé à partir de rien en suivant strictement les processus naturels. Ils ont fait des observations minutieuses et ont tiré les conclusions qui s’imposent. On peut dire la même chose pour l’apparition de la vie. Les scientifiques ont fait leurs déclarations sur ces deux questions.

Cependant, la science n'a toujours rien déclaré en ce qui concerne l'existence d'un être suprême que l’on pourrait appeler Dieu. Certains scientifiques ne croient pas en Dieu, mais beaucoup d’autres y croient encore. Bien que la science explique les phénomènes du monde sans avoir recours à l’intervention divine, il n'y a toujours rien pour affirmer ou infirmer l’existence de Dieu. Par conséquent, son existence ne relève pas du domaine des sciences.

Il faut donc distinguer entre ce que nous dit la science et ce qu’elle ne nous dit pas. Ma position sur l'existence de Dieu n'est pas fondée sur la science. Je suis arrivé à ma conclusion après avoir pris connaissance des différents arguments philosophiques sur la question et après mûre réflexion. La foi, ou la confiance dans les autorités appropriées, n'a rien à voir avec cette position. J'ai tiré ma propre conclusion. Si la foi est y est pour quelque chose, c’est la foi en mes propres capacités à examiner la question et d'en tirer une conclusion satisfaisante.

Pour ce qui est des questions scientifiques, cependant, si la foi était un acte criminel, je n’aurais d’autre choix que de plaider coupable. Je n'ai ni le temps ni les ressources pour examiner moi-même tous les fossiles ni toutes les données brutes afin de conclure si le changement climatique est causée par l'activité humaine. Je ne peux pas savoir avec certitude que nous avons vraiment été créés à partir de rien. Heureusement, je suis assez intelligent pour comprendre que ce n’est pas parce que je ne peux pas confirmer personnellement une des théories que l'autre théorie doit l’emporter par défaut.

Cependant, j'ai la foi que les scientifiques consciencieux appliqueront la méthode scientifique pour tirer des conclusions logiques. J'ai confiance que les arguments et contre-arguments entre les scientifiques mèneront à de nouvelles connaissances et perspectives, ainsi qu’à un consensus sur diverses questions. J'ai aussi la foi que l’on dénoncera ces pseudo-scientifiques qui ont brisé la confiance que j’ai placée en eux. C'est aux scientifiques de ne pas briser cette confiance. En d'autres termes, ma foi est provisoire. Elle doit être méritée.

Cela diffère de la foi religieuse qui est habituellement absolue. Nous sommes alors tenus de croire que le monde a été créé par un être surnaturel simplement parce c’est écrit ou parce que l’on préfère une vérité absolue. Il n'y a pas de place pour les théories concurrentes (à moins qu’elles émanent de la même source religieuse). La foi n'a pas à être méritée car la source de l’information a déjà été proclamée comme infaillible. Elle ne peut pas se tromper! Et si vous n'avez pas cette foi, un terrible destin vous attend ...

Dans ce sens, c’est tout à fait le contraire de la foi que j'ai.

Donc, lorsque quelqu'un me demandera : « Comment êtes-vous arrivé à avoir cette foi? », j'ai maintenant une réponse : « La foi n'a rien à voir avec ma position sur l'existence d'un dieu. En ce qui concerne la façon dont le monde a vu le jour, ma foi a été méritée et doit l’être continuellement. »

mardi 19 octobre 2010

Respecter son for intérieur

« Ce qu’il faut pour identifier et définir l'homosexualité est un acte. S’il n’y aucun comportement homosexuel, il n’y a pas d’homosexualité, et cela suffit pour refuser d’accorder une protection. » – William Gairdner (http://www.williamgairdner.com/gay-wrongs) (La traduction est de moi.)

M. Gairdner ne mâche pas ses mots quand il parle de droits pour les homosexuels – il s’y oppose carrément. Notons, cependant, sa définition implicite de l'homosexualité. Pour lui, l'homosexualité est quelque chose que l’on fait. Les sentiments sont sans importance.

J’ai de la difficulté à l’avouer, mais il faut le dire : Quand j’ai constaté que j’étais attiré par les filles, ce n'était pas quelque chose que j'avais demandé. J’étais très heureux de vivre ma vie comme jeune enfant de sexe masculin qui aimait le hockey, le baseball, le ballon-chasseur, les chats, la télé, les jeux de société, les bandes dessinées (surtout celles de DC), et la baignade au chalet. Mon contact avec la gent féminine était limité en général à ma mère, à ma sœur, à mes tantes, aux enseignantes, etc.

Vers la sixième année scolaire, j'ai remarqué deux choses. Tout d'abord, ma vue n’était plus ce qu’elle était. (Deux ans plus tard, j’ai enfin commencé à porter des lunettes.) Deuxièmement, malgré mes problèmes de vision, les filles commençaient à me taper dans l’œil. Quelques mois avant, voir le cul d’une femme qui marchait ne m’intéressait aucunement. Mais peu après, il me fallait un vrai effort pour me détacher les yeux d’un cul féminin en mouvement, ou alors elle devait tourner et me faire face.

Puis là, il y avait la poitrine. Je savais que les femmes avaient des seins. J'avais vu quelques seins nus quand j'étais d'âge préscolaire et je pouvais bien voir que les femmes avaient des seins sous leurs vêtements. Mais il y avait maintenant ces nouveaux seins qui sont apparus sur des filles qui n’en avaient pas avant. Bientôt, je pouvais dire lesquelles portaient un soutien-gorge. Quelque chose se passait dans moi.

Lorsque j’allais acheter des bandes dessinées à la pharmacie locale, je voyais des revues avec des femmes nues en page couverture. Dans d'autres circonstances qui me sont maintenant nébuleuses, je me souviens d’avoir pu en feuilleter (mais pas au magasin). J'ai aussi découvert que la télé anglaise ne montrait jamais de nudité, tandis que la chaîne française en montrait très souvent. Cela peut expliquer, du moins en partie, pourquoi je suis devenu francophile.

Si ces revues et films existaient, il devait y avoir d'autres personnes qui, comme moi, étaient fascinées par les corps des femmes. D’après ce que j’ai pu voir, c’était tous des hommes. Mais il n'y avait personne à qui je pouvais parler de ces choses. Heureusement, il y avait des infirmières dans la famille, dont ma mère. Elle avait des livres médicaux à la maison et j'ai commencé à les consulter ... quand ma mère n’était pas là, évidemment!

Au fil du temps, il m’est venu une image plus claire de ce qui se passait en moi. Comme beaucoup d'autres jeunes de mon âge, je vivais la puberté et je me transformais en être sexuel. (Les enfants sont des êtres sexuels, aussi, mais pas tout à fait de la même manière.) Plus précisément, je devenais un être hétérosexuel. Comment le savoir? Pour les raisons suivantes: a) j’étais de sexe masculin, et, b) je m’intéressais sexuellement aux femmes.

Je ne l'avais pas demandé. Une de mes tantes, qui avait sans doute de bonnes intentions, me disais que j’aillais attirer bien des filles en raison de ma grandeur. C'était effrayant! J’ai bien eu à côtoyer les filles à l’école, mais sans plus. Maintenant, elles allaient se trouver constamment dans mon esprit. Ma tante m'a même assuré que ce qui se passait était normal. Puis, le vicaire a aggravé les choses en insistant que j’allais brûler en enfer si je n’arrivais à éradiquer mes pulsions hétérosexuelles.

Il a fallu bien des années, mais j'ai fini par assumer mon hétérosexualité. Je suis ce que je suis et je le serai toujours. Les femmes me fascinent toujours et je me permets maintenant de leur tenir compagnie sans aucun sentiment de culpabilité. Mais comme la puberté est maintenant chose du passé, je peux aussi plus facilement vaquer à d’autres tâches importantes.

Je me rends compte maintenant que j'ai eu de la chance. Je vois à quel point notre société accepte beaucoup plus facilement l'hétérosexualité, en autant qu'elle soit contrôlée au moyen d’institutions comme le mariage. Je ne peux imaginer ce que j'aurais vécu si mon intérêt sexuel s’était plutôt porté sur mes copains mâles.

À mon avis, j'ai toujours été hétérosexuel, du moins depuis la puberté. Mais si l’on croit M. Gairdner, je ne pouvais pas me réclamer le titre d’hétérosexuel avant d’avoir eu enfin des rapports sexuels. Si l'on suit sa définition à la lettre, je ne suis hétérosexuel que depuis l'âge de 19 ans. Alors, j’étais quoi avant? Et qu’étaient tous ces hommes homosexuels avant d’avoir eu des rapports sexuels avec d'autres hommes? Neutres? Ambigus? Indécis?

À en croire M. Gairdner, les homosexuels sont appelés à nier même leur nature. Moi, j’ai été incapable de nier ma nature hétérosexuelle. Je ne vois pas comment je pourrais demander à un homme gai de nier la sienne.

lundi 18 octobre 2010

Réflexions

La dernière fois que j'ai écrit sur la situation post-Ning, Skinbook (l'original) avait mordu la poussière tandis que les sites Free Range Naturists (FRN) et Bare Friends International (BFI) avaient pris leur envol sur des sites indépendants. Maintenant, il parait que BFI n'est plus.

Au cours des dernières semaines, on y trouvait un message disant que le site était en panne temporaire afin de remédier à des problèmes techniques. Or, ce message semblait y être affiché en permanence, puisque les minutes sont devenues des heures, les heures des jours, et les jours des semaines. Si l’on s’affairait à le remettre en marche, aucune indication n’a parue à cet égard, pas même un courriel général pour expliquer les problèmes. Maintenant, il ya un autre site à la même adresse qui est affilié à godaddy.com.

Les créateurs ont-ils laissé tomber le site? Ou y a-t-il un problème technique qui les a obligé de retourner à la case départ?

On aimerait bien le savoir.

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Bien des personnes ont de la difficulté à distinguer échangisme et naturisme, malgré la différence pourtant évidente. Au Québec la Fédération québécoise de naturisme a publié une déclaration à cet égard que l’on peut lire au http://www.vivrenu.ca/avis_aux_internautes.htm. Je la reproduis ici.

« Avis aux internautes : Position de la FQN face à l'échangisme et à l'utilisation trompeuse du terme « naturisme »

« Redonner sa juste place au corps, découvrir le plaisir de vivre en harmonie avec la nature, telle est la vérité du naturisme, loin des clichés et des fantasmes. Cette pratique dont la nudité n’est qu’une des composantes, se fonde sur une philosophie de vie prônant la tolérance, le respect de soi, des autres et de l’environnement. La pratique du naturisme n'est en rien une pratique de nature sexuelle.

« Bien que la Fédération québécoise de naturisme (la Fédération) n’émet aucune opinion ni ne porte aucun jugement sur la pratique de l’échangisme, ou toute autre activité à caractère sexuel, entre adultes consentants, la Fédération désire par la présente aviser le public que toute référence à la Fédération, utilisation de son nom, de son logo, ou d’un lien à son site Internet ou toute autre manifestation ou publication quelconque, par une personne, association ou entreprise vouée à la pratique de l’échangisme ou à ce type d’activités, pouvant laisser croire que la Fédération encourage, approuve ou autrement donne son assentiment à de telles activités, est strictement interdite. Toute information ou publicité visant à promouvoir une telle activité qui serait contraire à la Mission de la Fédération ou contraire à sa philosophie est rejetée et une telle information ne devrait pas être considérée comme valide. »

Bien que tous les sites naturistes n’aient pas une déclaration de ce genre, on y trouve généralement d'autres renseignements qui indiquent clairement que le naturisme et l'échangisme sont deux activités bien différentes, et que l’un ne comprend forcément pas l’autre. En effet, de nombreux couples échangistes ne s’intéressent pas aux loisirs en costume d’Adam ou d’Ève si le sexe n’est pas au rendez-vous. Et certains naturistes évitent tout genre de sexualité qui ne reçoit pas l’aval du curé local.

Naturisme n’est pas échangisme.

Mais les échangistes peuvent s’intéresser au naturisme et même devenir des modèles pour les gens dont la sexualité est plus « classique » mais dont les connaissances du naturisme sont incomplètes et qui se comportent mal pour cette raison.

vendredi 8 octobre 2010

Revenir du passé

« Il n’était pas question d’avoir deux nations politiques. C’est l’évidence même. Les Pères de la confédération « canadienne », qu’ils soient français, anglais, irlandais ou écossais, ont déclaré catégoriquement qu'ils créaient une nouvelle nation. » – Eugene Forsey

J'ai vu cette citation en anglais pour la première fois dans un mémoire préparé par Ron Leitch, qui à l’époque se trouvait à la tête de l'Alliance for the Preservation of English in Canada. Le mémoire avait été publié dans l’ouvrage Enough! de J.V. Andrew. Plus tard, un autre auteur, William Gairdner, a publié cette même citation dans The Trouble With Canada, d’où je l’ai puisée. La traduction est de moi, mais le mot nouvelle était en italiques dans l’ouvrage.

Je n'ai pas accès au discours original d’Eugene Forsey, alors je ne peux commenter ni sa signification ni son contexte. Mais il est intéressant que les gens qui ne veulent qu’une seule langue officielle au Canada, et qui veulent que cette langue soit l'anglais, se servent de cette citation afin de dénigrer l'idée des deux nations fondatrices, ou des deux peuples fondateurs. L'idée est que tout ce qui est survenu avant 1867 n’a aucune importance et que nous allons dorénavant vivre tous ensemble dans cette magnifique nouvelle nation de langue anglaise qui continuera de se plier à la Couronne britannique.

Lorsque les quatre premières colonies britanniques ont décidé de s'unir pour former le pays qu’on allait appeler le Canada, il était déjà difficile de ne pas remarquer la présence d’une population française presque entièrement homogène dans le territoire appelé communément le Bas-Canada. En fait, dès le début, il y a eu certains accommodements, comme l'article 133 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique qui permet d’utiliser le français au parlement canadien ainsi que dans les institutions gouvernementales du Québec.

Par conséquent, des efforts ont été faits pour accommoder les Français. Ce n'étaient pas des étrangers ou des immigrés. Ils étaient là dès le départ et constituaient déjà un peuple. On ne pouvait ignorer ce fait. Et cela fait partie de notre histoire commune.

La bonne volonté initiale était limitée et, dans certains cas, tout à fait temporaire. À ma connaissance, il n'y avait rien dans la Constitution qui obligeait que la fonction public soit de langue anglaise. Cela s’est produit tout naturellement. Malheureusement, le cours naturel des événements avait tendance à fermer la porte aux Canadiens français qui ne parlaient pas l’anglais, et parfois même à ceux qui le pouvaient. Dans Sorry, I Don't Speak French, l’ancien premier ministre fédéral, Paul Martin, raconte à l'auteur, Graham Fraser, l’histoire du père d'un de ses amis, un homme qui ne pouvait monter davantage dans les rangs la fonction publique pour la simple raison qu'il était français. Ce qui ne devrait être qu’un inconvénient a été plutôt un obstacle, et bien des gens qui contestent le bilinguisme officiel aimeraient que ce genre d’obstacle revienne.

Nous ignorons l'histoire à nos risques et périls. La nation française que nous appelons aujourd'hui le Québec existait déjà en 1867. Avec le temps, la population française a pris un essor au Nouveau-Brunswick grâce à la présence des Acadiens. Voilà pourquoi le Nouveau-Brunswick est maintenant la seule province officiellement bilingue au Canada. Les Français se trouvaient également dans le reste du Canada bien avant 1867. Trop peu nombreux pour exercer une influence politique réelle, on ne peut quand même pas nier leur présence.

Même en Ontario, le français était déjà présent en 1867. Lorsque l'éducation française en Ontario a été interdite en 1912, c’était, disait-on, pour prévenir que d'autres groupes d’« immigrés » exigent l’enseignement public dans leur langue d’origine. Pourtant, les Français en Ontario n'étaient pas des immigrés. On aurait voulu faire croire que le droit à l’enseignement public en français n’était qu’un privilège accordé par la majorité anglaise. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y régnait un climat de mauvaise foi.

N’oublions pas non plus le soulèvement à la rivière Rouge au Manitoba et la pendaison subséquente du chef des Métis, Louis Riel. Que l’on voie ces rebelles comme des héros ou des bandits dépend en grande partie de l’opinion que l’on tient sur la question linguistique.

Si jamais le Québec quittait le Canada, le Canada anglais ne pourrait pas chercher à revenir en arrière en déclarant l'anglais comme seule langue officielle, car ce passé n’aura jamais existé.

jeudi 16 septembre 2010

La fin de Skinbook

Dernière nouvelle concernant les anciens sites naturistes du réseau social Ning : au moins un des sites dont j’étais membre a mordu la poussière. Skinbook, probablement le plus populaire des sites naturistes Ning, n’est plus.
J’avais déjà indiqué dans un article précédent que Ning avait décidé d'interdire toutes les photos montrant de la nudité sur ses sites, y compris ceux gérés par et pour les naturistes et nudistes. Il y a eu différents sites naturistes sur Ning, mais ceux que je connais mieux sont Skinbook, Bare Friends International (BFI) et Free Range Nudists (rebaptisé Free Range Naturists, ou FRN). L'interdiction générale de la nudité ne fait pas l’affaire de ces sites, mais les stratégies pour trouver des solutions ont varié.

Quelques mois avant l’annonce par Ning de l’interdiction de la nudité, BFI connaissait déjà des déboires avec l’administration de Ning et songeait déjà à fonder un site autonome. La règle anti-nudité semble avoir été la goutte qui a fait déborder la vase. Le site se trouve maintenant à une nouvelle adresse.

FRN a d’abord adopté la voie de la diaspora afin de garder le contact avec ses membres, notamment en créant des groupes sur MySpace, Facebook, Yahoo, Flickr, Google, etc, et même sur Skinbook. On disait alors que même si les groupes ne permettaient pas la nudité, au moins on diminuait le risqué de perdre tout contact entre les membres si jamais un préposé trop zélé mettait fin prématurément au service. Plus récemment, FRN a trouvé pignon sur le système elgg, où les photos nues sont permises.

Skinbook est le seul site qui promettait une transition en douceur vers une autre adresse. Il l'a fait après avoir premièrement cherché une exonération de Ning pour son groupe. Je trouve difficile de croire que Ning aurait acquiescé à cette requête puisque sa déclaration semblait clairement être le dernier mot sur la question. Toutefois, Skinbook a fait savoir que certains groupes d'art se trouvaient dans le même bateau en raison de la présence d’images de photos ou de tableaux nus. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour les groupes d'art, mais Skinbook n'ai pas eu droit à un traitement spécial, du moins pas à cet égard.

Lorsqu’il était clair que Skinbook ne pouvait pas rester sur Ning et continuer d’afficher des photos nues, il a tenté de transférer le tout sur une autre plate-forme. Le premier essai s’est fait sur grou.ps et le travail s’est poursuivi pendant un certain temps. Malheureusement, il y avait trop d’embûches et l’on a opté pour le service grouply. Cette fois, de nombreuses plaintes ont été formulées concernant les pourriels et d’autres problèmes associés à ce service. Du moins, c'est l’excuse qui a été donnée.

La tentative la plus récente a été de repartir de zéro à www.theskinbook.net, obligeant ainsi tous les membres de s’inscrire de nouveau. Cela a entraîné d'autres problèmes et les responsables ont fini par lancer la serviette, avec un certain regret, mais surtout avec une certaine amertume.

L’administrateur du site, Karl Maddocks, a envoyé un message annonçant la fin de Skinbook, message qui aurait dû se rendre à tous les membres. Je ne l'ai jamais reçu, et je ne suis pas le seul à avoir été laissé pour compte. Mais la lettre a été publiée telle quelle sur différents sites nudistes. En voici une traduction :

     « Un message à tous les membres de www.theskinbook.net:

     « C'est avec beaucoup de regret que j’ai décidé de mettre fin à Skinbook.

     « Après tous les efforts (et l'argent) investis afin de sauver le réseau Skinbook, les plaintes, la négativité, l'abus et le peu de soutien en général de la part de nos utilisateurs ont été, franchement, dégoûtants ...

     « Je ne suis plus disposé à offrir le réseau Skinbook aux membres anciens ou actuels.

     « Nous avons tenté, au cours des deux dernières années, de rassembler la communauté naturiste et de donner au mode de vie naturiste une image positive auprès du public. Mais la façon dont on a traité mon équipe à Skinbook laisse clairement savoir (du moins, pour ma part), pourquoi ce mode de vie est à la fois fragmenté de l'intérieur et mis au ban à l'extérieur.

     « Ce que cela veut dire, je laisse à chacun d’entre vous le droit de spéculer.

     « Pour ma part, cette révélation ne nécessite aucune explication; il nécessite seulement une réaction, et ma réaction est que, désormais, je me distance entièrement de ce mode de vie (à la fois des points de vue philosophique et physique), ainsi que de TOUT médium servant à sa promotion.

     « Bonne chance dans votre quête d'unité dans le mode de vie que vous avez choisi... vous en avez besoin!

     « Karl Maddocks »

Il a ensuite ajouté un post-scriptum dans lequel il ajoute que lui et son équipe se réservent tous les droits à l’égard du nom, du logo et de tout autre média associé à Skinbook.

mardi 7 septembre 2010

Critiquer la religion

Pourquoi ne pas simplement défendre la laïcité? Voilà le thème d'une conférence prononcée par Russel Blackford de Atheist Alliance International, que l’on peut consulter sur le site Web de embiggenbooks.com. La question se pose à savoir pourquoi nous devrions critiquer la religion plutôt que de promouvoir les avantages de la laïcité.

La réponse courte donnée par M. Blackford est que si la religion n'est pas contestée dans la société, l’idée de la liberté de religion – qui comprend le droit d’être libre de toute religion – ne captera l’attention de personne. Si tout le monde accepte que la religion a un pouvoir épistémique et morale, pourquoi alors chercher à s’en libérer? De nombreuses personnes et organisations religieuses refusent d'accepter la logique de la laïcité. Elles ne comprennent pas qu’elles ne devraient pas essayer de convaincre le gouvernement d'imposer leurs dogmes. L'histoire a montré que pour nous protéger de la religion, nous devons pouvoir la critiquer. M. Blackford nous présente ensuite un mini cours d’histoire pour illustrer son point.

Au fil du temps, le christianisme est passé d'une religion persécutée à une religion persécutrice et a été la cause de la destruction synagogues et de temples païens, en plus de s'attaquer aux formes de christianisme non orthodoxe. Les actions de Martin Luther ont mené à un mouvement protestant que l'orthodoxie n’a pu réprimer. Des millions de personnes sont mortes dans toute l'Europe dans les guerres de religion entre protestants et catholiques, dont des millions rien qu'en France au cours de la Guerre de Trente Ans.

La religion a été un dénominateur commun d’un grand nombre de luttes politiques en Europe, même lorsqu’il ne s’agissait pas de guerres religieuses en soi. Une des raisons qui expliquent la déportation des Acadiens à partir de 1755 a été leur refus de renoncer au catholicisme, ce qui les rendait suspects aux yeux des autorités britanniques.

Au 17e siècle, les philosophes ont sérieusement étudié la relation entre la religion et l'État. En 1689, John Locke a souligné que les groupes religieux tentent souvent de s’accaparer du pouvoir civil et que cela peut être la cause de la violence entre différentes religions. Si le gouvernement civil pouvait tolérer l’existence d’églises concurrentes et ne s’occuper que des questions d’ordre civil, la religion n’aurait d’autre choix que de se replier. Le gouvernement doit s’abstenir de persécuter les religions et prévenir que les sectes rivales s’attaquent l’une à l’autre. La mission de l’Église est de sauver les âmes pour l'au-delà. La mission de l'État est d'assurer l'ordre public dans le monde d’ici-bas et éviter de déclarer que l’une ou l’autre des religions est la « bonne ».

Depuis 1689, l’idée fait son chemin, mais sans pour autant qu’elle soit appliquée complètement, même aux États-Unis, qui est pourtant perçu comme l’exemple par excellence d’un pays où règne le mur de séparation entre l’Église et l’État. Locke lui-même n'était pas prêt à pousser sa déclaration jusqu’à sa conclusion logique. Par exemple, il croyait qu'il était acceptable de persécuter les athées, les Catholiques et les Musulmans. Les athées, selon lui, ne croient pas en l'au-delà et on ne peut donc pas se fier à leurs serments. Les Catholiques sont séditieux puisque leur loyauté première est envers le Vatican. Et la première loyauté d’un Musulman est envers l'Empire ottoman. Locke ne se rendait pas compte que ces personnes peuvent être de très bons citoyens du pays où ils vivent. (Il ne s’est pas rendu compte non plus que les gais et les lesbiennes peuvent être de bons citoyens même si ces personnes ont un type de sexualité différent du sien.)

Pourtant, l'idée générale a germé. La persécution religieuse ne devait être ni exercée ni tolérée par l'État. Toute mesure gouvernementale contre la religion et toute mesure législative d'origine ou d'inspiration religieuse devait avoir un but laïc légitime. L'État ne devait s’occuper que de la vie, de la santé, de la propriété et d’autres choses de ce monde.

Les églises se disent en faveur de la séparation entre l'Église et l'État, mais cela ne les empêche pas d’essayer de convaincre l'État d’imposer leurs dogmes. Le Vatican estime toujours que l'État doit faire respecter le « droit moral » – sa version, bien sûr. Les églises s’attendent encore à ce que l'État impose leurs lois morales, ce qu’elles appellent la « loi naturelle ».

Par conséquent, nous devons être en mesure de critiquer la religion en vue de nous assurer que l'État continue de s'occuper seulement des choses de ce monde. Promouvoir la sécularisation n'est pas suffisant. Si personne ne s'oppose activement à la religion, la liberté d’exercer ou de ne pas exercer de religion n'a aucun fondement. Il doit être légitime de s'opposer à la religion.

Si une église tente d’influencer le gouvernement en prétendant avoir une autorité morale, nous devons pouvoir contester leur position et représenter la population non croyante. Comme Blackford l’a fait remarquer, d'où vient cette autorité dont l'Église se vante? L’Église l’a-t-elle méritée? Les autorités religieuses sont-elles vraiment expertes en matière de moralité?

lundi 6 septembre 2010

La violence religieuse

L'objectif de l’article précédent a été de montrer clairement que tous les athées ne sont pas communistes et que tous les communistes ne sont pas athées, même s’ils sont marxistes. C'est maintenant clair, du moins dans mon esprit.

Beaucoup de gens qui parlent de l’athéisme comme étant un grand mal prennent comme exemple l’ancien dictateur soviétique, Joseph Staline, qui a causé directement ou indirectement la mort de millions de citoyens soviétiques pendant son règne. Souvent, c'est parce que les personnes religieuses croient que seuls les athées pourraient causer la mort sur une si grande échelle, et Staline a été sans aucun doute athée. Mais les décès causés par Staline ont-ils été véritablement le fruit de l'hostilité envers la religion? Je pense qu’il faut faire la distinction entre les atrocités commises simplement par les athées et celles qui sont commises en raison de l'athéisme. Définissons donc quelques termes.

Théisme et théisme d’État ne sont pas synonymes. Le théisme est une prise de position sur les questions de religion et de la société par une personne ou par un groupe de personnes selon laquelle l'existence d'au moins un être suprême et surnaturel est acceptée comme un fait, malgré le manque de preuves objectives de son existence. Le théisme d’État est la politique d'un gouvernement autoritaire qui encourage la population à adhérer à une forme particulière de religion, soit la religion d'État, et décourage la croyance en toute autre forme de religion, en plus de décourager la non-croyance. Cela peut se manifester dans la persécution des personnes qui ne veulent pas adhérer à la religion d'État, surtout si elles se révèlent être une épine dans le pied du gouvernement.

De même, athéisme et athéisme d’État ne sont pas synonymes. L'athéisme est une prise de position sur les questions de religion et de la société par une personne ou par un groupe de personnes selon laquelle l'existence d'un être surnaturel et suprême n'a pas été prouvée et n’a donc aucune importance dans la vie quotidienne. L’athéisme d’État est la politique d'un gouvernement autoritaire qui encourage la non-croyance dans la population et décourage les croyances religieuses, souvent au point de persécuter les croyants, en particulier s’ils s'avèrent être une épine dans le pied du gouvernement.

Par conséquent, si l'on veut attribuer des assassinats à la religion, les meurtres doivent avoir été :
  • motivés par la haine envers une religion ou un groupe religieux particulier (Anglicans c. Catholiques; Hindous c. Musulmans, etc.);
  • provoqués par une conviction religieuse (Tu tueras l'infidèle), ou
  • commis ou ordonnés par l'État en tant que mesure de persécution contre les personnes d'une croyance religieuse autre que celle approuvée par l'État (Le gouvernement iranien contre les Bahaïs).

De même, si l'on veut attribuer des assassinats à l'athéisme, les meurtres doivent avoir été :
  • commis par un athée qui est motivé par la haine envers la religion en général (Je vais rendre la pareille à ces "/$%?& religionnaires);
  • motivés par des croyances athées (quelles qu’elles puissent être); ou
  • commis ou ordonnés par l'État en tant que mesure de persécution contre des personnes de croyance religieuse en général ou d'une croyance religieuse particulière.

Traditionnellement, les religieux et les autorités ont commis leurs atrocités contre les personnes non religieuses et ou dont la religion est différente de la leur. Par conséquent, l'équivalent des atrocités athées seraient commises contre les personnes et groupes religieux et contre les regroupements athées dont l’athéisme est différent de leur genre.

Nous devons faire la distinction entre, d’une part, l’épurement de personnes et de groupes en raison de leurs croyances et activités religieuses et, d’autre part, les décès causés par une famine généralisée à la suite d’une tentative idéologique de réorganiser l’agriculture de toute une nation, tentative qui a échoué.

Il ne fait aucun doute que de nombreuses personnes ont été persécutées par Staline en raison de leurs convictions religieuses, mais je doute que cela explique la plus meurtrière de ses atrocités, la famine en Ukraine. Staline voulait y forcer la collectivisation des fermes dans ce pays. Les croyances religieuses des personnes mortes n’y étaient sûrement pour rien. En fait, il y a lieu de croire que l'Église orthodoxe russe a été rétablie au cours de son règne afin d’attiser les flammes du nationalisme et de montrer au monde que l'URSS était en effet un pilier de la liberté religieuse. Or, le marxisme pur décourage le nationalisme, ce qui fait que Staline n’était pas vraiment marxiste.

Donc, si l’on veut prétendre que le régime de Staline, en persécutant les personnes et groupes religieux, a causé la mort d’un plus grand nombre de personnes que les guerres religieuses, rien n’est moins certain. Les millions de morts qui ont résulté des querelles religieuses sont beaucoup plus faciles à comptabiliser.

vendredi 3 septembre 2010

Un monde sans possessions

Un des sites Web que je visite régulièrement a vu une discussion se transformer en débat improvisé et houleux sur les athées et les religionnaires, en majorité des chrétiens. Le tout a commencé par un énoncé du genre « Ce genre de discussion convient mieux à un groupe de discussion plutôt qu’au Forum général », mais cela s’est dégradé en déclarations du genre « Arrêtez de vous en prendre à nous » et « Vous vous croyez si intelligents! » J’y ai déjà publié une réaction dans mon blog du site. Alors que j’envisageais la publication du même article ici, je me suis rendu compte que les termes pour ce genre de discussion ne sont pas toujours bien définis. En cherchant à les définir convenablement pour le présent article, j’ai découvert que mes connaissances en la matière faisaient défaut. Je ne crains pas que quelqu'un soit en désaccord avec moi. Mais quand je suis manifestement dans l’erreur sur un renseignement qui devrait m’être connu, cela me dérange beaucoup.

Dans ce cas, on parle des termes athée et communiste. Tous les athées ne sont pas communistes, mais on croit souvent que les communistes sont athées par définition. C’est ce que je croyais aussi avant d’examiner la question de plus près. Dans sa forme la plus simple, le communisme signifie une société sans classes et sans État dans laquelle tous les biens appartiennent à la collectivité. Dans ses manifestations modernes et marxistes, le communisme n'a pas mené à la disparition de l’État, et les biens, ou du moins les moyens pour la production de biens et de richesses, sont restés la propriété de l'État. À ceux qui disent que l’État est en fait le peuple, la nature dictatoriale des gouvernements indiquent le contraire.

Les sociétés organisées selon des principes communistes ont existé depuis les premiers temps. Le théoricien communiste, Karl Marx, voyait la société de chasse et de cueillette comme une société communiste. Les premiers chrétiens auraient tout mis en commun et tout partagé, et d'autres groupes religieux ont aussi adopté un système de vie commune incluant la propriété collective des terres et d’autres ressources.

Les bases du communisme moderne remontent à Thomas More, qui a écrit au sujet de la propriété commune dans son traité, Utopia, en 1516. Au 18e siècle, le communisme a commencé à prendre une dimension politique à la suite de la Révolution française. Les sociétés communistes non étatiques se formaient encore, mais alors que les communautés communistes d’avant étaient établies sur des bases religieuses, les communautés communistes du 19e siècle ont été inspirées par des principes de réforme sociale.

À la fin du 19e siècle, Friedrich Engels avait suffisamment impressionné Karl Marx pour que ce dernier devienne communiste à son tour. Marx et Engels étaient convaincus que, tout comme la société féodale avait fait place au capitalisme, le capitalisme céderait sa place au communisme, les moyens de production seraient la propriété de tous, et tous pourraient en bénéficier. Tout ce qu'il fallait, c'était que les travailleurs d'usine et les autres membres de la classe opprimée s’unissent et se débarrassent de leurs chaînes opprimantes.

Marx a dit la religion est l'opium du peuple. Ses déclarations sur la religion ne sont pas aussi frappantes dans Le Manifeste communiste, publié en 1848 et dont il est coauteur avec Engels. J’ai parcouru le Manifeste rapidement, trop rapidement peut-être. Mais l’impression qui m’est restée est que le Manifeste ne prône pas l’interdiction de la religion, bien qu’il soit critique à son égard. Il prédit plutôt la disparition éventuelle de la religion, ou du moins la fin de son emprise sur le peuple. L'athéisme ne devait pas être imposé. Il devait plutôt résulter naturellement à un certain stade de la lutte ouvrière contre la classe dirigeante.

En ce sens, je me demande si la révolution bolchevique en Russie ressemble vraiment à la vision de Marx et d’Engels. Les travailleurs ordinaires devaient arracher le pouvoir à la classe dirigeante. En fin de compte, une classe dirigeante a été remplacée par une autre. Bien que cela avait été plus ou moins prévu, Marx et Engels croyaient la fin des classes entraînerait la fin du pouvoir politique en soi. De toute évidence, ce n'est jamais arrivé.

C'est peut-être le talon d'Achille du communisme marxiste. Le communisme a besoin d'une classe dirigeante de qui l’on peut arracher le pouvoir. Mais le résultat est censé être une société sans classe. Tant que l’État existe, il y aura toujours une classe dirigeante, une institution appelée gouvernement, même si les membres dirigeants ne s’y trouvent que temporairement.

Au lieu d'une révolution traditionnelle, il serait préférable que la classe ouvrière atteigne l'autonomie économique grâce à une révolution tranquille déjà en cours. De plus en plus de personnes peuvent travailler de façon autonome grâce à un ordinateur, et peut-être seulement un téléphone cellulaire. En fin de compte, nous n'avons pas la propriété commune de toutes les ressources de production, mais si elles sont largement disponibles à des prix équitables, même les travailleurs les plus pauvres pourraient remporter cette lutte.

mercredi 18 août 2010

Certains de mes meilleurs amis

Et maintenant, un petit article au sujet de certains de mes meilleurs amis ...
Felis catus est ta nomenclature taxonomique, carnivore de nature, quadrupède endothermique...

Bon. Violation du droit d'auteur, même s’il s’agit d’une traduction...

Que voulez-vous? Jusqu'ici, je n'ai rencontré aucun chat qui ne m’a pas plu.

Une recherche a été menée sur l'origine des chats domestiques, et cette recherche comprenait la comparaison de l'ADN prélevé des sous-espèces connues de chats sauvages. On y a découvert cinq lignées génétiques, dont une seule, Felis silvestris lybica, comprenait le chat domestique.

L’espèce se trouve principalement au Moyen-Orient, y compris dans les déserts d'Israël, des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite, des endroits d’où on a recueilli les représentants de cette sous-espèce pour l'étude. Les chats domestiques sont donc originaires seulement de cette région du monde.

Donc, Felis catus ou Felis silvestris lybica? Doit-on encore en faire la distinction?

Dans la région que l’on appelle le Croissant fertile, les chats sont ont fini par vivre parmi les humains en raison des déchets humains et des petits animaux qui aimaient s’attaquer aux jardins et aux récoltes. Les chats causent peu de dommages et tuent la vermine. Les humains s’en ont sûrement rendu compte et les auraient peut-être même encouragés à rester dans les parages. Si l'on ajoute le facteur « mignon », comme les grands yeux, un nez retroussé et un front haut et rond, il n’en faut pas plus pour imaginer nos lointains ancêtres prendre ces petits animaux aux visages irrésistibles.

Peut-on savoir quand ils ont été domestiqués? Les découvertes archéologiques nous donnent des indices. On a découvert la tombe d'une personne adulte qui a vécu sur l'île de Chypre, il y a 9 500 ans. Dans la tombe, on y a trouvé le cadavre d'un chat âgé de huit mois, son cadavre orienté vers l'ouest, tout comme l'homme mort. Comme les chats ne sont pas originaires de Chypre, il doit y avoir été amené en bateau. La présence d’un chat dans la tombe témoigne d'une relation spéciale entre humains et chats qui existe depuis déjà au moins 9 500 ans, et peut-être plus. Puisque l’humain a établi des collectivités permanentes au Moyen-Orient, il y a 10 000 ans environ, l’apprivoisement du chat a dû commencer presque au même moment.

Pourquoi cette espèce de chat est-elle devenue la seule espèce domestique dans le monde entier alors que d'autres, notamment les chats sauvages de l'Afrique australe et de l’Asie centrale, pourraient être tout aussi faciles à apprivoiser? On croit que les chats domestiques n’ont rien fait de plus que de suivre l’humain dans sa progression vers d’autres contrées. Lors de la formation des autres civilisations, Felis silvestris lybica y était déjà, ou bien en suivant les explorateurs, ou bien en étant lui-même un bien  de commerce. Il suffisait ensuite de s’intégrer aux nouveaux habitats humains et de priver les chats sauvages locaux de pouvoir faire de même.

La plupart des animaux domestiques sont des animaux d’élevage ou de travail. Le chat est peut-être le seul à avoir été adopté à l'époque néolithique parce qu’il était si mignon.

Ning et dong… dingue?

J'ai publié un article sur quelques sites sociaux nudistes sur Ning en avril dernier. Plus tard, j'ai ajouté une mise à jour dans laquelle j'ai écrit que ces sites ne seraient plus gratuits et que l’on pourrait demander une contribution monétaire de la part des membres.
À présente, les sites subiront une nouvelle métamorphose puisque le service Ning INTERDIRA LA NUDITÉ à partir du 19 août.

Les sites nudistes sur Ning dont je suis membre sont Skinbook, Bare Friends International (BFI) et Free Range Nudists (rebaptisée depuis Free Range Naturists, ou FRN). Les différents services se sont efforcés de maintenir des normes naturistes élevées, c'est à dire, pas de photos d'érections ou axées indûment sur la région génitale d’un sexe ou de l’autre, pas de commentaires de nature sexuelle, pas d’échangistes, pas de communautés alternatives, etc. Certains de ces sites exigent seulement une photo de profil. D'autres insistent que l’on affiche au moins trois photos de nudité « respectueuse », et même trois photos prises dans des « milieux naturistes ».

Un autre site sur Ning, Lenny's Room of Friends and Fun, n'est pas naturiste, mais il permettait que les nudistes (et les autres) affiches des photos contenant de la nudité. Le site de Lenny continuera sur Ning, mais il devra respecter la nouvelle directive anti-nudité. Puisque le nudisme n'est pas sa principale raison d'être, aucune mesure spéciale n’est nécessaire autre que d’enlever les photos qui ne respectent pas la consigne. Pour les autres sites, il est facile de comprendre qu’un site de réseautage social nudiste doit au moins permettre la nudité. Rester sur Ning n’est donc pas une option.

Skinbook dit qu'il va d'abord demander une exemption de Ning pour son groupe. Si l’exemption n’est pas accordée, les administrateurs prévoient pouvoir tout transférer à une autre plateforme de façon intacte et sans que l’on ait à s’inscrire de nouveau. Le seul changement sera l'adresse du site. Jusqu'à présent, alors qu’il ne reste que deux jours avant la date butoir, je n'ai toujours rien entendu concernant une exemption possible accordée par Ning, ni si une nouvelle adresse a été choisie.

BFI et FRN ont suivi une voie différente. Dans le cas de BFI, les créateurs ne participent plus à son fonctionnement pour des raisons de maladie, et Ning refuse de traiter avec les personnes nommées à titre d’administrateurs. Pour cette raison, il y a quelques mois on parlait déjà de trouver un nouveau site pour le groupe, et la consigne anti-nudité a fait bouger les choses un peu plus vite. Le site se trouve maintenant à une nouvelle adresse et il semble que le service continuera d'être offert sans frais aux membres. Mais ceux qui veulent rester avec BFI doivent s'inscrire de nouveau et y transférer eux-mêmes les photos et autres éléments.

FRN a d'abord adopter la stratégie de la diaspora en formant des groupes sur MySpace, Facebook, Yahoo, Flickr, Google, etc, et même sur Skinbook. Plus récemment, on a opté pour une nouvelle adresse de site Web sur le système Elgg, qui permet la nudité. Comme BFI, FRN doit encore roder le système, mais le service demeure gratuit pour les membres. Toutefois, ceux qui étaient membres avant et veulent le rester doivent s'inscrire sur le nouveau site.

Avec tout cela, il est toujours étonnant que Ning, après avoir d'abord approuvé la nudité « non adulte » (c’est-à-dire, non sexuelle), a tout à coup fait volte-face et a décidé qu'il ne voulait plus de nudité en fin de compte. Cela ressemble beaucoup à la politique de Facebook où l’on ne peut même pas afficher une photo où une mère allaite son enfant. Seul Ning peut nous dire pourquoi il a décidé d'interdire même la nudité la plus innocente. Ce dernier réplique que de nombreux problèmes causés par les photos de genre « adulte » se produisaient aussi avec la nudité non sexuelle. On ne précise pas la nature de ces problèmes.